Pour un général américain, l’Allemagne doit améliorer ses infrastructures pour faciliter le transit des troupes de l’Otan

C’est un point qui a été mis en lumière lors des récentes manoeuvres effectuées sur le flanc oriental de l’Otan : des progrès sont à faire rapidement dans les domaines de la logistique et des infrastructures. C’est en effet ce qu’a souligné le général Ben Hodges, le commandant de l’US Army en Europe, après la tenue de l’exercice Saber Strike 17 dans la région de la mer Noire. Et, selon lui, l’Allemagne est particulièrement concernée.

« Il faut encore faire plus pour faciliter le transport des matériels et des forces militaires en Europe en cas de crise. Et l’Allemagne pourrait jouer un rôle crucial », a en effet déclaré le général Hodges, lors d’un récent entretien donné à l’agence Reuters.

La question est d’autant plus importante que l’Otan a renforcé sa présence sur son flanc oriental en déployant quatre bataillons multinationaux dans les États baltes et en Pologne, afin de dissuader la Russie de tenter toute action déstabilisatrice. En outre, l’Alliance a mis sur pied une « force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation » (VJTF), appelée à intervenir à très court préavis lors d’une crise.

Dans le cas où il y aurait besoin d’une intervention rapide de l’Otan dans les pays baltes (ou ailleurs), l’Allemagne jouerait un rôle central, en raison de sa position géographique. D’où l’appel du général Hodges pour qu’elle investisse davantage dans ses infrastructures dans le cadre de son effort visant à porter ses dépenses militaires à 2% de son PIB, comme elle s’y est engagée en septembre 2014.

Par exemple, a dit le chef de l’US Army en Europe, Berlin pourrait « offrir un accès ferroviaire garanti » aux troupes de l’Otan étant donné les capacités dans ce domaine seraient, selon lui, insuffisantes. « Dépenser davantage dans la défense antimissile à courte et à plus longue portée aiderait également », a aussi dit le général Hodges, en soulignant le rôle crucial que sont susceptibles de jouer les aéroports et les ports maritimes allemands en cas d’un hypothétique conflit.

Mais au-delà de l’Allemagne, le général Hodges a plaidé pour la mise en place d’une « zone de transit militaire », sur le modèle de l’accord de Schengen, qui garantit la libre circulation des personnes dans 28 pays européens.

« À mon avis, nous avons besoin de quelque chose qui serait comme une zone Schengen militaire, qui permettrait aux formations militaires de passer rapidement d’Allemagne vers la Pologne et la Lituanie ou vers la Roumanie à travers la République tchèque. Actuellement, cela est très difficile », a dit le général Hodges. Et cela, notamment à cause de contraintes juridiques différentes entre les pays et surtout, là encore, de problèmes d’infrastructures, en particulier chez les anciens membres du Pacte de Varsovie [dont l’ex-Allemagne de l’Est].

Ce problème lié aux infrastructures a été « découvert » quand une brigade blindée américaine débarquée en Allemagne pour se rendre en Pologne a vu plusieurs de ses véhicules endommagés pour avoir percuté des ponts dans la hauteur était trop basse par rapport aux standards de ceux construits en Europe occidentale.

À l’époque, le général Hodges avait dit qu’il manquait des « informations détaillées sur les infrastructures de pays qui faisaient autrefois partie du Pacte de Varsovie et qui sont maintenant membres de l’Otan. »

Par ailleurs, le général Hodges a minimisé la probabilité d’un conflit avec la Russie, à la condition toutefois de renforcer la dissuasion de l’Otan. Les Russes « respectent seulement la force et ils méprisent la faiblesse », a-t-il dit. « Si nous donnons l’impression que nous ne sommes pas ‘connectés’ et unis, que nous manquons de capacités et que nous pouvons pas nous déplacer rapidement, [alors] je pense que le risque d’un erreur de calcul est potentiellement plus élevé », a-t-il estimé.

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