Il n’y a plus que deux candidats au rachat de Renault Trucks Defense

Début juin, l’on apprenait que le groupe franco-allemand KNDS, associant Nexter Systems et Krauss Maffei Wegmann, le belge CMI Group et le fonds d’investissement américain Advent International étaient en lice pour racheter Renault Trucks Defense (RTD) à Volvo, l’industriel suédois ayant décidé, en novembre 2016, de se séparer de sa division « Government Sales ».

Ces trois prétendants devaient alors remettre une proposition ferme à Volvo d’ici la fin du mois de juillet. Finalement, ils ne sont que deux à l’avoir fait, à savoir KNDS et CMI Group.

D’après le quotidien économique Les Echos, Advent International aurait été dissuadé de faire une offre par le gouvernement français, qui, premier client de RTD, souhaite promouvoir une « solution industrielle ». En outre, le fonds d’investissement est déjà occupé à finaliser la fusion de Morpho, qu’il vient de racheter à Safran, avec Oberthur Technologies, le spécialiste de la sécurité numérique.

Le rachat de RTD est suivi de près par Paris, dans la mesure où l’industriel, avec ses filiales ACMAT et Panhard, est l’un des principaux fournisseurs des forces française. Et, à ce titre, il est impliqué dans le programme SCORPION, déterminant pour l’avenir de l’armée de Terre. Enfin, ce spécialiste de l’armement terrestre emploie 1.200 salariés en France, où il compte 5 usines (Limoges, Fourchambault, Saint-Nazaire, Marolles-en-Hurepoix et Saint-Germain-Laval) et 2 centres de recherche.

Á première vue, au regard de leur complémentarité et de leur participation au programme SCORPION, la logique voudrait que KNDS soit retenu par Volvo. Cette opération lui permettrait de gagner en taille grâce aux 500 millions de chiffre d’affaires réalisés chaque année par RTD. De quoi se rapprocher un peu plus des poids lourds du secteur de l’armement terrestre. Une telle solution, même si elle est susceptible de bousculer les équilibres entre Nexter Systems et Krauss Maffei Wegmann, avait d’ailleurs les faveurs de Laurent Collet-Billon, le désormais ancien délégué général pour l’armement (DGA).

Seulement, CMI Group ne manque pas d’atouts. L’annonce du gouvernement belge portant sur la commande de 417 Véhicule blindés multi-rôles (VBMR) « Griffon » et de 60 Engins blindés de reconnaissance et de combat (EBRC) « Jaguar » [deux véhicules du programme SCORPION, ndlr] pourrait jouer en sa faveur, d’autant plus que le groupe wallon ne manque pas de souligner sa complémentarité avec RTD.

Qui plus est, CMI Group, spécialiste des systèmes tourelle-canon et des simulateurs, est implanté en France, où il emploie 1.600 personnes, notamment à Distroff (Moselle) et à Commercy (Meuse). D’ailleurs, il est membre du Groupement des Industries Françaises de Défense et de Sécurité Terrestres et Aéroterrestres (GICAT).

« Notre mariage [avec RTD] permettrait de consolider le secteur de la défense terrestre européenne, encore trop éparpillé. La France a un rôle clé à jouer dans cette nécessaire concentration de l’industrie de la défense, mais tout ne doit pas passer par l’axe franco-allemand », a fait valoir Jean-Luc Mauragne, le directeur général de CMI, selon Les Échos.

Le choix de Volvo sera en principe annoncé à l’automne prochain. Et « si CMI s’avérait mieux-disant, le gouvernement ne pourrait guère s’y opposer au nom de la défense de ses intérêts stratégiques », explique le quotidien.

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