M. Macron sur les coupes budgétaires : « Nous méritons collectivement mieux qu’un tel débat »

Après la démission du général Pierre de Villiers et la polémique concernant les coupes budgétaires visant les Armées, la visite du président Macron, ce 20 juillet, à la base aérienne 125 d’Istres était attendue. Elle intervenait après celle qu’il avait faite il y a deux semaines à l’Île-Longue, où sont affectés les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la Force océanique stratégique (FOST).

L’allocution qu’il a prononcée à l’occasion de ce déplacement aura été des plus convenues. Sans grande surprise, et après avoir fait l’éloge des aviateurs des Forces aériennes stratégiques (FAS), il a réaffirmé son engagement à porter le budget des Armées à 2% du PIB d’ici 2025 (soit 50 milliards d’euros), sans préciser si les coûts des opérations extérieures allaient être compris ou non dans ce montant, contrairement à ce qu’il avait fait durant la campagne présidentielle. Or, c’est justement la question de la prise en charge de ces derniers qui est au centre des débats de ces derniers jours.

« Parce que ce je sais ce que la Nation vous doit – eh oui, il ne s’agit pas d’un ministère comme les autres -, parce que des vies sont engagées au quotidien, parce que la place de la Nation en dépend, parce que la sécurité de nos concitoyens réside précisément dans vos missions […] je tiens à ce que vous puissiez les exercer dans les meilleurs conditions opérationnelles. Et c’est pour cela que je veux que les ressources nécessaires y soient consacrées », a affirmé M. Macron, qui n’a pas cité une seule fois le nom de Florence Parly, la ministre des Armées, qui se trouvait à ses côtés.

« C’est cette conviction qui m’a conduit à m’engager sur une trajectoire budgétaire qui permettra de porter l’effort de défense à 2% du PIB en 2025 afin de continuer à conduire les opérations là où nous devons les mener, à préparer l’avenir et à moderniser les équipements », a continué le chef de l’État.

Mais pour ce dernier, les chiffres ne sont visiblement pas le plus important. « Mais qu’est-ce qu’un tel engagement s’il ne repose pas avant tout sur une stratégie, une volonté, une réflexion sur notre environnement, la nature de la menace, la stratégie que nous voulons conduire, la stratégie en termes capacitaires que nous voulons déployer? », a demandé le président Macron, pour qui « cela est la clé de tout. »

Et d’ajouter, en faisait une allusion à la polémique sur les coupes budgétaires de ces derniers jours : « Ce ne sont pas des chiffres qu’on égrène parce qu’alors, comment pourrais-je aller devant celles et ceux qui, parfois à vos côtés, assurent dans d’autres cadres aussi la sécurité de nos concitoyens? Que pourrais-je dire aux policiers et aux gendarmes? Qu’irais-je dire aux infirmières et aux infirmiers? On est sérieux avec eux et on les respecte simplement parce qu’on fait des additions? »

« Allons! Nous méritons collectivement mieux qu’un tel débat », a-t-il conclu sur ce sujet.

Enfin, s’agissant tout de même des additions (du moins, c’est à espérer car les Armées sont habituées aux soustractions), le président Macron a de nouveau assuré que le budget des Armées serait porté à 34,2 milliards d’euros en 2018, dont 650 millions seront alloués aux opérations extérieures. « Aucun budget autre que celui des Armées ne sera augmenté », a-t-il tenu à faire savoir. Et d’insister : « Dans les dernières années, il n’y a jamais eu une telle augmentation de 1,8 milliard d’euros du budget des armées. » [ndlr, en 2017, le budget est de 32,7 milliards…. comment arrive-t-on à 34,2 milliards avec une hausse de 1,8 milliard?]

En attendant, les coupes budgétaires devraient s’appliquer sans état d’âme (« devraient » car le Parlement aura son mot à dire). Cette somme couvre la différence entre l’enveloppe allouée initialement aux opérations (450 millions) et le coût effectif de ces dernières. Ces « décisions de gestion n’auront aucun impact, ni sur la stratégie, ni sur les capacités, ni sur l’effort » de défense, promis M. Macron. « Je n’accepterai aucun discours de défaite en la matière, ils ne sont pas à la hauteur des armées et de ce que vous êtes », a-t-il encore asséné.

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