Général de Villiers : « Je vaux ce que je veux! »

Le président Macron se veut être le « maître des horloges ». Mais avec la démission du général Pierre de Villiers, le chef d’état-major, qu’il devait rencontrer en tête en tête, le 21 juillet, pour prendre « ensemble » une décision sur l’avenir de ce dernier, le locataire de l’Élysée s’est fait surprendre.

Cela étant, à la lecture des différentes « Lettres à un jeune engagé », cette issue correspond parfaitement à l’état d’esprit du général de Villiers. Dans celle publiée le 7 juillet et ayant pour thème la suprise, le desormais ancien CEMA reprenait la devise du maréchal de Lattre (vendéen, comme lui) : « Ne pas subir! ». Un antidote « salutaire », expliquait-il » car « qui « ‘l’oublie s’expose ». Et d’ajouter : « Celui qui n’écoute que ses certitudes s’engage sur la pente funeste qui conduit à la défaite. Combien de chefs, grands et petits, se sont laissé aveugler par ce qu’ils tenaient pour des évidences. Ils se sont laissé surprendre sur le lieu, le moment ou les modalités ; et parfois les trois en même temps. »

Une autre « lettre à un jeune engagé », publiée deux semaines plus tôt, évoquait « la liberté d’action ». Á l’opposé de cette dernière, écrivait le général de Villiers, on « trouve la passivité et le fatalisme » qui, « l’un comme l’autre conduisent à la défaite. »

« Une chôse est sûr : seuls les poissons morts suivent, scrupuleusement, le sens du courant! », estimait-il dans cette lettre. « La liberté d’action, celle du contre-courant, est fille de volonté. Je suis libre d’agir à la condition, expresse et première, de l’avoir décidé. C’est la force du courage, de l’imagination et du caractère qui nous rend libres de décider et d’agir. A l’inverse, l’abîme de la défaite guette les moutons de Panurge », expliquait ensuite l’ex-CEMA.

Après avoir abordé le thème de la confiance dans son avant-dernière lettre, comme une réponse aux propos tenus par le président Macron à son égard lors de la réception donnée à l’Hôtel de Brienne avant le défilé du 14-Juillet, le général de Villiers a livré son ultime message dans le cadre de ses fonctions en évoquant le « départ ».

« L’heure du départ est arrivée, plus rapidement que prévu. Cela ne vous étonnera pas, vous dont l’imprévu est le pain quotidien », commence-t-il. « Depuis le premier jour, nous avons appris à avoir, avec nous, un sac prêt pour partir ‘au coup de sifflet bref’. Choisir d’être militaire, c’est accepter de ne plus s’appartenir, tout-à-fait », rappelle le général de Villiers.

« Nous appartenons à une patrie que nous aimons; nous sommes les héritiers d’une histoire qui nous a façonnés; nous sommes porteurs de convictions qui nous font avancer. Sortir de sa zone de confort, c’est s’exposer, mais c’est aussi se révéler ; à soi-même, pour commencer. ‘Je vaux ce que je veux!' », plaide le général de Villiers, en citant le poète et essayiste Paul Valéry (« Les esprits valent selon ce qu’ils exigent. – Je vaux ce que je veux »)

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