Des députés de la majorité se mettent en marche contre les coupes budgétaires imposées aux Armées

La décision du gouvernement de faire porter au seul ministère des Armées la charge financière des opérations extérieures et intérieures (850 millions) dans le cadre de mesures visant à trouver 4 à 5 milliards d’euros d’économies pour respecter les 3% du PIB de déficit fait des vagues, y compris dans les rangs de la majorité.

Proche de Jean-Yves Le Drian, l’ancien ministre de la Défense désormais à la tête de la diplomatie française, Gwendal Rouillard a été l’un des premiers députés de la La République en Marche (LREM) à monter au créneau. Estimant que la question de la confiance était « posée », il a dit considérer que « inacceptable » la proposition de Bercy.

« On ne peut dire d’un côté qu’on doit protéger nos concitoyens en raison aujourd’hui de l’état de la menace et dans le même temps au premier coup de rabot budgétaire se planquer et assumer ce genre de décisions. Moi je ne l’assumerai pas », a fait valoir M. Rouillard, qui s’est dit « révolté » par les nouveaux efforts demandés aux Armées. Et demander « solennellement » au ministère de l’Action et des Comptes publics de revoir sa copie.

Dans les colonnes de Ouest France, Jean-Charles Larsonneur, le député LREM du Finistère qui fut l’un des premiers à rejoindre et à animer le mouvement « En Marche! », n’a pas été en reste. « Il faut peut-être arrêter de désarmer les ministères régaliens, comme la Défense, l’Intérieur ou la Justice. […] Aujourd’hui, nos armées sont sur l’os. On peut s’interroger sur la viabilité de l’ensemble », a-t-il dit.

Pour ce député, les coupes budgétaires visant les Armées contribuent « à la désindustrialisation du pays » alors que les entreprises du secteur de la défense « reposent sur des emplois non délocalisables et qui participent à l’innovation technologique en France. » Et d’ajouter : « Il y a quelque chose de choquant à demander aux armées de financer le surcoût des opérations extérieures dans lesquelles elles sont engagées. Comme si on demandait à un salarié de payer ses heures supplémentaires. »

Mais la réaction la plus attendue était celle de Jean-Jacques Bridey, député LREM du Val-de-Marne et président de la commission de la Défense à l’Assemblée nationale. « C’est un choix. Personnellement, je le regrette, surtout quand je vois l’explication qui a été donnée par Bercy, puisqu’on nous dit qu’il faut faire 4 et quelques milliards d’économies mais que dans le même temps, on ouvre 1,5 milliard d’ouverture de crédit pour la capitalisation d’Areva », a-t-il dit sur les ondes de RFI, le 14 juillet.

« Je trouve un peu délicat de donner cette explication. Nos hommes risquent leur vie tous les jours sur les théâtres d’opération et on leur demande de faire des sacrifices budgétaires pour recapitaliser une société, qui est certes importante, mais pour qui on aurait pu trouver d’autres solutions », a continué M. Bridey.

« Quand le chef d’état-major dit qu’il faut des moyens, ce n’est pas du chantage. Si l’on veut continuer à employer les armées il faut leur donner des ressources, ou sinon les retirer de certains théâtres d’opération », a encore fait valoir le député.

Au Sénat, où la réaction aux annonces de Bercy a été la plus prompte, avec un communiqué signé par son président, Gérard Larcher, et l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, il n’est pas question de « lâcher l’affaire », comme l’a assuré le sénateur (UDI) Jean-Marie Bockel.

Ces « 850 millions, ça veut dire des problèmes d’hélicoptères – qui s’usent beaucoup plus vite au Mali – qui sont en nombre insuffisant en état de fonctionner, des véhicules au sol dans les mêmes conditions. Ça veut dire toute une série de questions pratico-pratique où ça ne le fera pas », a expliqué ce dernier sur Sud Radio et Public sénat.

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