Coupes budgétaires : Le général Pierre de Villiers aurait mis sa démission dans la balance

Interpellé lors de la séance des questions au gouvernement par la députée socialiste sur les 850 millions d’euros d’économies que le ministère des Armées devra trouver pour financer, à lui seul, les coûts des opérations extérieures (OPEX) et intérieures (OPINT), le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, a botté en touche.

« S’il y a des difficultés, des fragilités, s’il y a du personnel, des personnes faibles qui sont touchées par des mesures d’économies, c’est le fait des sous-budgétisations malheureuses que nous avons pu constater. […] Il manquait 600 millions d’euros pour les opérations extérieures de l’État. C’est justement parce que nous pensons aux militaires qui risquent leur vie tous les jours que la sincérité nous oblige à mettre le nombre de millions d’euros prévu face à leur engagement », a répondu M. Darmanin.

Expliquer que l’on passe un grand coup de rabot sur le budget des Armées parce que l’on pense aux militaires qui « risquent leur vie », fallait oser… Car ces économies de 850 millions font plus qu’effacer les 600 millions de hausse promis aux militaires. Elles remettent en cause l’équilibre de la Loi de programmation militaire (LPM) actualisée, laquelle précise que les surcoûts des OPEX doivent être pris en charge par la solidarité gouvernementale.

En tout cas, pour le général Pierre de Villiers, le chef d’état-major des armées (CEMA), cette explication alambiquée teintée de cynisme, ne passe pas.

Plus tôt, lors d’une audition devant les députés de la commission de la Défense, et d’après plusieurs témoignages relatés par la presse, le général de Villiers a tapé du poing sur la table. « Je ne me laisserai pas baiser comme cela », aurait-il dit selon plusieurs journaux. Et de faire comprendre que les militaires en ont assez des promesses de lendemains qui chantent.

Alors que trois soldats français blessés au Mali viennent d’être rapatrier en France, le général de Villiers a une nouvelle fois dit qu’il « ne savait pas se battre sans moyens ». En outre, avait-il écrit dans l’une de ses lettres à un jeune engagé, « la logique du ‘toujours plus avec moins’, poussée au-delà de toute mesure, expose les soldats et conduit, tôt ou tard, à la défaite. »

D’après Les Echos, et comme cela avait été dit en mai 2014, époque où les chefs d’état-major menacèrent de démissionner en bloc pour protester contre une nouvelle offensive de Bercy qui allait remettre en cause la LPM 2014-2019 fraîchement votée, le général de Villiers aurait mis sa démission dans la balance, alors qu’il vient juste d’être prolongé à son poste pour une année de plus. S’il n’obtient pas gain de cause, le président Macron pourrait se retrouver seul dans le command car qui descendra les Champs-Élysées pour la revue des troupes qui défileront.

Mais on n’en est pas encore là, surtout si le chef de l’État fait une annonce lors de la traditionnelle réception au ministère des Armées du 13 juillet. Mais d’après le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner, il ne faudrait guère se faire d’illusions.

« Le président de la République rencontrera les militaires ce soir. Je vais faire confiance au président de la République pour s’adresser aux militaires », a déclaré M. Castaner sur les ondes de RMC. « Je ne crois pas qu’il change d’avis d’ici ce soir. Par contre il aura l’occasion de s’exprimer sur sa priorité (…) qui est de faire en sorte que le budget des armées pendant cette mandature soit en forte augmentation, parce que c’est nécessaire à sa modernisation », a-t-il ajouté.

« Dès 2018 il y aura un effort qui sera fait sur ce budget », a encore dit M. Castaner, comme l’avait fait, la veille, Édouard Philippe, le Premier ministre.

« Ce qu’il fallait pour le ministre du Budget, c’est trouver 4,5 milliards, excusez-moi du peu, d’économies budgétaires. Tous les ministères y contribuent. Et sur certaines lignes du ministère des Armées, il y a la possibilité de décaler non pas des salaires, non pas la sécurité, non pas les militaires eux-mêmes, mais de décaler quelques commandes, sur du gros matériel par exemple, et c’est pour ça que nous avons identifié ces 850 millions », a expliqué le porte-parole du gouvernement.

Quel gros matériel sera visé? Les 319 véhicules blindés multi-rôles (VBMR) Griffon et les 20 Engins blindés de reconnaissance et de combat (EBRC) commandés cette année? (Grosso modo, leur coût est équivalent aux 850 millions demandés) Les avions ravitailleurs A330 MRTT « Phénix », qui doivent remplacer les C-135FR à bout de souffle? Les Véhicules légers tactiques polyvalents non protégés?

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