Le Sénat exprime sa « vive inquiétude » sur le budget des Armées

Après l’annonce selon laquelle le ministère des Armées devra trouver 850 millions afin de prendre entièrement la charge du financement des opérations extérieures et intérieures, le Sénat sonne le tocsin. Rien de surprenant à cela étant donné qu’il a récemment publié un rapport donnant la marche à suivre pour porter l’effort de défense à 2% du PIB, conformément, d’ailleurs, a l’engagement pris par le président Macron quand il était encore candidat à l’Élysée.

Pour cela, il était préconisé d’engager rapidement la hausse du budget des armées, afin de « permettre une trajectoire soutenable dans la durée vers les 2 % du PIB en 2025 et éviter ainsi, à la fois, les ruptures capacitaires et les effets d’éviction. »

Dans un communiqué, le président de la Haute Assemblée, Gérard Larcher, et celui de la commission sénatoriale des Affaires étrangères et des Forces armées, Jean-Pierre Raffarin, ont dit « s’alarmer » des « coupes qui pourraient compromettre les missions des armées et remettre en cause la trajectoire financière vers les 2% du PIB consacrés à la Défense. »

Et d’insister : « Les discussions budgétaires entamées pour réduire le déficit budgétaire 2017 laissent craindre des annulations de crédits d’une ampleur inédite pour le ministère de la défense, en contradiction avec l’engagement du Président de la République de porter les ressources de la défense à 2 % du PIB en 2025. »

Pour M. Larcher, il s’agit d’un « non respect des engagements de la loi de programmation militaire. « C’est le Sénat qui a introduit la ‘clause de sauvegarde’ assurant le financement interministériel des opérations extérieures. Elle doit être respectée’, a-t-il averti.

« Ne pas payer l’équivalent du budget des opérations extérieures serait une faute. Il en va de la dignité de la politique. On ne peut pas demander à nos soldats d’exposer leur vie pour nous défendre et ne pas, ensuite, leur donner les moyens de leur action. J’en appelle au Président de la République, chef des armées », a tonné M. Raffarin.

En 2013, quand il était question du fameux « scénario Z », qui, poussé par Bercy, prévoyait une réduction drastique des capacités militaires de la France (alors que ce sont justement ces moyens qui lui permettent de peser au sein de l’Union européenne), le Sénat s’était insurgé de la même manière, sous l’impulsion de Jean-Louis Carrère, alors président de la commission des Affaires étrangères et des Forces armées. Il avait été suivi par celle de l’Assemblée nationale, alors dirigée par Patricia Adam.

Cette dernière, même si elle n’est plus députée, suit toujours de près les affaires militaires. « Incompétence ou amateurisme ? Les ajustements budgétaires proposés par le gouvernement, et plus particulièrement les 850 millions enlevés à la Défense, amènent à se poser cette question… Ce budget qui répond à l’engagement de nos forces pour notre sécurité doit au contraire être augmenté de 2 milliards par an durant cette législature. C’est un engagement du président. Au Parlement de le faire respecter! », a-t-elle lancé via sa page Facebook.

Pour le moment, les députés de la commission de la Défense n’ont pas réagi à l’annonce de ce coup de rabot à 850 millions d’euros. Ce 12 juillet, ils recevaient, en audition, le général Pierre de Villiers, le chef d’état-major des armées (CEMA), lequel aurait été « mordant » selon quelques échos.

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