Après le coup de rabot, le Premier ministre promet des lendemains qui chantent aux Armées

Dans un long entretien publié par le quotidien Les Echos, le Premier ministre, Édouard Philippe, est revenu sur les 850 millions d’euros qu’aura à trouver, d’ici la fin de l’année, le ministère des Armées au titre de sa participation à l’effort de redressement des finances publiques. Cette somme représente environ 20% des 4 à 5 milliards d’économies nécessaires pour maintenir le déficit à moins de 3% du PIB, conformément aux critères de Maastricht.

Ces 850 millions d’euros correspondent aux surcoûts liés aux opérations extérieures et intérieures, pour lesquels une enveloppe de près de 500 millions (450 millions pour les premières et 41 millions pour les secondes) avait été prévu dans la Loi de finances 2017.

En clair, et à rebours de ce qui se faisait jusqu’à présent, le ministère des Armées supportera seul le coût financier (mais aussi humain, qu’il ne faut pas oublier) des opérations militaires que l’exécutif lui demande de faire. La dernière fois qu’un ministre de l’Économie et des Finances a préconisé une telle mesure remonte à 2004.

Alors que la France est, dit-on, « en guerre » après avoir été durement frappée par l’État islamique (Paris, Saint-Denis, Nice) et al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Charlie Hebdo), que l’on demande toujours plus aux militaires et aux policiers et que le président Hollande avait estimé que le pacte de stabilité devait s’effacer devant le pacte de sécurité, voilà que le gouvernement décide de passer un coup de rabot sur les crédits du ministère des Armées et celui de l’Intérieur (un effort de 560 millions d’euros est demandé à ce dernier).

Pour autant, M. Philippe ne voit pas les choses ainsi. « Quant aux 850 millions évoqués pour 2017, ils s’inscrivent dans le cadre de l’effort interministériel, mais préservent les capacités d’action de la Défense. Au final, le budget des Armées pour 2017 sera conforme à ce qui était prévu en loi de finances initiale », a-t-il dit aux Echos.

Sauf que l’on peut habiller cette mesure comme on veut, les Armées auront toujours à trouver 850 millions d’euros (soit environ 320 véhicules blindés Griffon et une quarantaine d’Engins blindés de reconnaissance et de combat Jaguar). Où iront-elles les prendre? Comme d’habitude, le programme 146 « Équipement des Forces » va trinquer.

Pour autant, le Premier ministre a annoncé des jours meilleurs pour les armées. « Notre objectif est de consacrer 2% du PIB en 2025, en plusieurs étapes, et nous allons le tenir », a rappelé M. Philippe, comme il l’avait déjà fait lors de sa visite au Salon du Bourget, en jui? « L’effort de défense doit être encore plus intense pour défendre nos intérêts dans une monde plus instable, et poursuivre le processus de modernisation de nos équipements. Cela exige de tracer un chemin crédible d’ici à 2025 : il sera progressif », a-t-il dit.

Depuis maintenant une quinzaine d’années, on ne compte plus les articles de presse alertant sur l’état des finances publiques et les mesures prises par l’État pour freiner ses dépenses (avec le succès que l’on sait!)… Et les Armées ont, à chaque fois, été au rendez-vous des réformes qu’on exigeait d’elles. Ce qu’a reconnu le chef du gouvernement.

« Le ministère des Armées est exemplaire en termes de transformation et d’efficacité de la dépense publique. Il y aura à son profit un effort supplémentairen et ce dès l’an prochain », a en effet affirmé M. Philippe. Mais comme il a également annoncé qu’il y aura au moins « 20 milliards d’euros d’économies sur les dépenses publiques » en 2018 l’année et une baisse des prélèvements obligatoires de « près de 11 milliards », on demande à voir, d’autant que, par le passé, cette petite musique des lendemains qui chantent a souvent été jouée à des militaires déjà lassés par les airs de flûte et de pipeau.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]