En 2016, l’industrie française de l’armement a enregistré 14 milliards de prises de commandes

L’ex-ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, s’était sans doute un peu trop vite avancé quand, en janvier dernier, il annonça une année 2016 record en terme de prises de commandes reçues par l’industrie française de l’armement. Au lieu des 20 milliards annoncés, il faudra donc se contenter de « seulement » 14 milliards d’euros, selon le rapport sur les exportations d’équipements militaires qui vient d’être remis au Parlement [.pdf].

Cette différence s’explique par le fait que, à l’époque, le cabinet du ministre avait inclus le montant du contrat les 12 sous-marins Shorfin Barracuda destinés à l’Australie. Mais comme ce dernier n’est pas encore entré en vigueur, la Direction générale de l’armement (DGA) n’a pas souhaité l’intégrer dans le calcul des prises de commandes au titre de l’année 2016.

Cela étant, si le record de 2015 (16,9 milliards) n’a pas été battu et que l’industrue italienne de l’armement a fait mieux (14,63 milliards), le cru 2016 reste à un niveau sans commune mesure par rapport à ce qui avait été constaté lors de la période 2007-2012.

« Les commandes de matériels de défense français à l’export ont connu une progression spectaculaire au cours des dernières années. Le changement d’échelle radical était notable dès 2015, avec près de 17 Md€ de prises de commandes (contre 4,8 Md€ en 2012). Cette année-là, plusieurs caps avaient été franchis. L’objectif d’égaler, pour la première fois, le montant des prises de commandes nationales avait non seulement été atteint, mais largement dépassé puisque ces dernières s’étaient élevées à 11 Md€ en 2015 », souligne ainsi le rapport de la DGA.

Cela étant, cette hausse significative des prises de commande s’explique en partie par l’évolution du contexte international. Entre 2007 et 2012, sous l’effet de la crise économique mondiale, les dépenses militaires avaient été réduites, avant de croître à nouveau partir de 2014/2015. Mais le rapport met aussi en avant le rôle tenu par M. Le Drian.

« Si la France est parvenue à identifier et à saisir des opportunités, c’est aussi grâce à une méthode mise en œuvre par le ministre des Armées associant de façon coordonnée, les autorités politiques, la Direction générale de l’armement, les armées et les industriels, rassemblés en une ‘équipe France' », lit-on dans le document.

« Cette approche qui s’est voulue rationalisée, discrète mais résolument proactive, a reposé sur une répartition des tâches et sur une coordination optimale entre les acteurs industriels et l’État. Ce changement de méthode a abouti à une transformation majeure » […] et « induit des comportements et des mécanismes nouveaux, fondés sur une approche plus adaptative et la recherche d’une plus grande cohérence d’ensemble et de vraies synergies entre les industriels […] et les services de l’État, impliqués jusqu’au plus haut niveau de responsabilité », y est-il encore expliqué.

Une autre raison avancée est la capacité de l’industrie française de l’armement à s’adapter aux évolutions de la demande, et donc aux besoins du client. « Il s’agit en particulier de les identifier le plus en amont possible, afin d’être en mesure de lui proposer le produit et la réponse contractuelle les plus adaptés », souligne le document.

Cette bonne performance de la base industrielle et technologique de défense (BITD) française, qui compte une dizaine de grands groupes et 4.000 PME et représente 165.000 emplois non délocalisables (4% de l’emploi industriel français) a évidemment des répercussions sur l’économie nationale.

Ainsi, note le rapport, « le haut niveau d’exportations des années récentes laisse présager la création de 30.000 à 40.000 emplois sur 10 ans, soit un doublement du nombre de salariés dédiés aux opérations d’exportation » et « la réinjection de 10 à 20% du chiffre d’affaire des exportations de matériels militaires dans la recherche et développement, assure l’avance technologique française et maintient des emplois de haute technicité, non-délocalisables. »

« L’industrie de défense et de sécurité, véritable pôle d’excellence national caractérisé par un degré élevé de technologie, joue un rôle d’entraînement et de dynamisation vis-à-vis de l’ensemble de l’économie », avec des retombées majeures pour les activités civiles telles que l’aéronautique, l’espace ou les technologies de l’information et des communications », insiste le document.

Enfin, parmi les principaux clients de la BITD française pour la période 2007-2016, on trouve, par ordre, l’Inde, l’Arabie Saoudite, le Qatar, l’Égypte, le Brésil, les Émirats arabes unis, les États-Unis, Singapour, le Royaume-Uni et le Maroc.

Au sein de l’Union européenne, pour la période 2012-2016, le Royaume-Uni est le principal client la BITD française, avec 703,7 millions de prises de commandes au total. L’Allemagne (604,8 millions) arrive en seconde position, suivie par l’Italie (351,1 millions), l’Espagne (265,5 millions) et la Belgique (148,6 millions).

Ces cinq pays représentent près de 80% des commandes reçues par l’industrie française de l’armement au sein de l’UE. À noter que la Bulgarie, la Croatie, la Slovaquie et la Slovénie constituent des marchés totalement fermés aux industriels tricolores, avec même pas un million d’euros de contrats en 4 ans.

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