Airbus veut s’inviter dans le programme d’hélicoptères lourds de transport des forces allemandes

En 2010, il était question d’un partenariat entre Eurocopter (devenu Airbus Helicopters) et Boeing pour développer, d’ici à 2020, un hélicoptère de transport de plus de 33 tonnes, pouvant embarquer 56 soldats équipés.

Cet appareil, qui reprenait, dans les grandes lignes, l’allure du CH-47 Chinook, aurait pu convenir pour le programme d’hélicoptère lourd de transport militaire franco-allemand [Heavy Transport Helicopter, HTH, ndlr], dont le principe avait été approuvé en 2009 par les ministres européens de Défense.

Seulement, depuis, ce projet est tombé dans les oubliettes, alors que le besoin en hélicoptères lourds de transport est toujours à satisfaire de part et d’autre du Rhin.

Du coup, pour remplacer ses 68 hélicoptères CH-53G « Stallion » et comme aucune solution européenne n’est disponible, l’Allemagne envisage deux solutions : le CH-53K « King Stallion » de Sikorsky ou le CH-47F « Chinook » de Boeing. Le coût de se programme, rien que pour l’acquisition des appareils, est d’environ 4 milliards d’euros.

Pour avoir une partie de ce gâteau, Airbus Helicopters Deutschland et le motoriste allemand MTU Aero ont annoncé, le 5 juillet, avoir signé un accord de partenariat avec 6 autres entreprises d’outre-Rhin, dans l’espoir de décrocher des contrats relatifs à l’exploitation et à la maintenance des futurs hélicoptères de la Luftwaffe.

Ce programme est « trop important pour que l’industrie allemande ne se soit pas impliquée », a fait valoir Stefan Wölfle, un dirigeant d’Airbus, lors d’une conférence sur les hélicoptères organisées à Bückeburg, près de Hanovre.

« Choisir des entreprises allemandes pour gérer la flotte des nouveaux hélicoptères créérait des emplois en Allemagne, accélérerait leur certification et assurerait la souveraineté allemande. Toute autre décision nuirait à l’industrie allemand des hélicoptères », a encore plaidé Airbus, d’après l’agence Reuters. Et de demander à ce qu’il y ait deux contrats distincts : un premier pour l’achat des appareils et un second pour leur maintenance.

« Nous voulons maintenir les compétences technologiques en Allemagne, mais pour cela, nous avons besoin que l’industrie allemande ait des commandes », a expliqué Melanie Wolf, une porte-parole de MTU.

Le ministère allemand de la Défense, qui a dit souhaiter commander un hélicoptère déjà sur le marché et éprouvé, a répondu qu’il préférerait traiter avec un seul soumissionnaire.

Cela étant, le constructeur Sikorsky a déjà fait savoir qu’il est train de « finaliser » des « relations exclusives » avec plusieurs entreprises allemandes qu’il n’a pas citées. De son côté, Boeing a dit avoir des « liens étroits » avec une centaine de PME d’outre-Rhin dans le cadre de sa chaîne d’approvisionnement.

En attendant, Airbus Helicopters est déjà impliqué dans la modernisation de 26 CH-53G « Stallion » de la Luftwaffe, après avoir obtenu un contrat, en février dernier, auprès du Bundesamt für Ausrüstung, Informationstechnik und Nutzung der Bundeswehr [BAAINBw, l’équivalent allemand de la DGA française]. Airbus Helicopters Deutschland est « le spécialiste de l’entretien, de la réparation et de la modernisation des hélicoptères de transport lourd depuis des décennies », avait fait valoir, à l’époque, Wolfgang Schoder, son directeur général.

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