Les délais risquent d’être serrés pour le renouvellement de la composante océanique de la dissuasion

Le 4 juillet, le président Macron a embarqué à bord du sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) Le Terrible, le dernier de la classe « Le Triomphant » à avoir été mis en service. Alors que les trois autres bâtiments de ce type ont récemment été modernisés et adaptés pour emporter le missile balistique mer-sol M-51(ou sont en passe de l’être), la question de leur remplacement, à l’horizon 2030, se pose déjà. Et, assurément, ce sera le plus gros chantier du renouvellement des forces stratégiques françaises.

Comme cela a déjà été souligné par les députés Jean-Jacques Bridey et Jacques Lamblin, un SNLE est « l’un des objets les plus complexes que l’homme ait jamais réalisé » dans la mesure où il s’agit de faire tenir, dans un cylindre de 150 mètres de long et 14 mètres de diamètre, une « centrale nucléaire, un centre spatial et une une petite ville capable de vivre en autarcie complète pendant dix semaines », le tout dans la plus totale discrétion. Qui plus est, développer et construire un tel navire demande plus de 12 millions d’heures de travail et 1 million de pièces.

Les choix et les investissements nécessaires à ce renouvellement des moyens de la dissuasion nucléaire françaises devront être fixés à l’occasion de la prochaine Loi de programmation militaire étant donné qu’il faut compter au moins une quinzaine d’années pour mettre au point et construire les SNLE de 3e génération (SNLE 3G).

Et il n’y a plus guère le temps d’attendre. « La durée de vie des SNLE actuels [classe Triomphant] avait initialement été fixée à 35 ans, pour un désarmement du premier SNLE en 2029 », rappellent ainsi les sénateurs Xavier Pintat et Jeanny Lorgeoux, dans leur rapport sur la « nécessaire modernisation de la dissuasion nucléaire. » D’ores et déjà, précisent-ils, une « extension de trois années est à l’étude » pour Le Triomphant.

En outre, préviennent les rapporteurs, il ne faudrait pas que « le retard observé sur le calendrier des livraisons des SNA [sous-marin nucléaire d’attaque de type Barracuda, ndlr] réduise à l’excès les marges de sécurité nécessaires à la mise en oeuvre de ce programme » étant donné que ces deux modèles de sous-marins sont « fabriqués dans la même enceinte industrielle », à Cherbourg [DCNS/Naval Group].

S’agissant du programme « SNLE 3G », qui est passé au stade de l’élaboration en novembre 2016, les deux sénateurs estiment que sa réalisation pourrait commencer en 2020, avec un « d’admission en service actif à l’horizon 2033 ». Le retrait du dernier sous-marin de cette nouvelle classe pourrait avoir lieu vers la fin des années 2080…

Quant aux caractéristiques de ce futur SNLE 3G, l’on sait qu’il devra être compatible avec les infrastructures existantes de la base de l’Île-Longue, de Brest et de Cherbourg. En clair, il aura le même tonnage que ceux de la classe « Le Triomphant », ce qui suppose qu’il n’y aura pas de développement d’un missile balistique mer-sol plus volumineux que l’actuel M-51.

L’accent sera mis sur « l’invulnérabilité face à l’évolution de la menace » du SNLE 3G, qui sera évidemment construit à 4 exemplaires pour garantir une permanence à la mer. Cela suppose un effort dans quatre domaines, à savoir la mobilité, la dispersion, la discrétion et la furtivité.

Il faudra donc améliorer la discrétion acoustique, les capacités de détection sonar, le système de navigation, les moyens de transmission et la « résilience en matière de cybersécurité en mer et à quai ». le SNLE 3G emportera une évolution du missile M-51 (le M-51-4), qui, d’une portée plus importante, devrait être prête dans les années 2030.

« L’augmentation de la portée du missile participe à la sécurité du sous-marin, qui peut se diluer dans un périmètre plus vaste », ont souligné, à ce sujet, les sénateurs Lorgeoux et Pintat.

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