Le Tchad menace de revoir ses engagements dans les opérations militaires menées en Afrique

Force multinationale mixte pour combattre le groupe jihadiste nigérian Boko Haram, Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (MINISMA) et bientôt la Force conjointe du G5 Sahel… L’armée tchadienne est actuellement très sollicitée.

Sans doute trop pour le président tchadien Idriss Déby Itno, pour qui cette situation n’est pas tenable au niveau financier, d’autant plus que le pays traverse une crise économique et sociale, en grande partie due à la chute des cours du pétrole.

« Nous sommes allés au Mali pour empêcher ce terrorisme [jihadiste, ndlr] de s’étendre au sud du Sahara. (…) Nous nous sommes engagés avec tout ce que cela suppose comme conséquences, sans demander de contrepartie », a rappelé le président tchadien alors qu’il était l’invité de l’émission « Internationales » de RFI, TV5 Monde et du quotidien Le Monde, le 25 juin, en faisait référence à la participation importante de l’armée tchadienne à l’opération française Serval, en 2013.

« Le Tchad est un petit pays qui n’a pas de moyens, qui a connu d’énormes problèmes dans son histoire récente. Il est donc du devoir de tous ceux qui ont plus de moyens de l’aider sur le plan militaire, matériel, logistique, financier. En dehors de renseignements de temps en temps, de formations, depuis notre intervention au Mali, au Cameroun, au Nigeria, au Niger, nous n’avons pas été soutenus sur le plan financier. Le Tchad a déboursé sur ses propres ressources plus de 300 milliards de francs CFA [environ 460 millions d’euros] pour la lutte contre le terrorisme sans un soutien quelconque de l’extérieur. Jusqu’à aujourd’hui nous sommes seuls dans cette lutte », a continué Idriss Déby Itno.

Aussi, pour ce dernier, les limites sont atteintes. « Nous ne pouvons pas continuer à être partout, au Niger, au Nigeria, au Cameroun, au Mali et surveiller 1200 kilomètres de frontière avec la Libye. Tout cela coûte excessivement cher et si rien n’est fait, le Tchad sera malheureusement dans l’obligation de se retirer », a-t-il prévenu.

Du coup, N’Djamena envisage un retrait progressif de ses troupes à partir de la fin de cette année, voire au début de la prochaine, si rien ne change au niveau financier. Cela étant, participation tchadienne à la Force conjointe du G5 Sahel ne serait pas forcément remise en cause, au contraire de celle à la MINUSMA.

« On ne peut pas avoir des forces dans le G5 Sahel et en même temps dans une autre mission sur le même théâtre. Pour les chefs d’État de la région, le plus important ce sont les forces du G5. Le Tchad ne peut pas avoir 1400 hommes au Mali – dans la Mission des Nations unies – et en même temps 2000 soldats dans le G5. Même si les financements arrivaient, il y a un choix à faire », a fait valoir M. Déby Itno.

Évidemment, un retrait du Tchad de la MINUSMA serait un coup dur pour cette dernière, déjà qu’elle manque de moyens, tant humains que matériels, ce que le dernier rapport du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, sur la situation au Mali, avait déploré. Ainsi, 10.919 Casques bleus sont actuellement déployés alors que le plafond des effectifs autorisés est de 13.289 personnels.

« Les capacités militaires de la MINUSMA ont continué de pâtir d’importantes lacunes, entravant les efforts déployés par la Mission pour exécuter ses tâches dans un environnement des plus hostiles pour le maintien de la paix », peut-on encore lire dans ce document.

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