La Russie met la pression sur la Norvège en raison de la présence militaire américaine sur son sol

Le 15 juin, le président russe, Vladimir Poutine, a évoqué la présence de sous-marins nucléaires américains au nord de la Norvège et appelé à suivre « la situation près des côtes de l’Arctique », avant d’estimer que la Russie devrait y installer un « système d’alerte aux missiles ».

De son côté, le Pentagone a refusé de commenté les propos du chef du Kremlin, se bornant à déclarer que les unités de l’US Navy « sont déployées partout dans le monde conformément à la loi internationale. » Cela étant, cette sortie de M. Poutine montre l’attention qu’il porte à la Norvège [membre de l’Otan], et en particulier aux activités militaires américaines dans ce pays.

Deux jours plus tôt, le New York Times avait publié un article sur ce sujet, en particulier sur l’île norvégienne de Vardo, dont la population a été divisée par deux au cours de ces 20 dernières années mais où la demande en énergie électrique a bondi. Et pour cause : cette électricité supplémentaire sert à alimenté un radar qui, appelé Globus III et financé par les États-Unis, est en cours de construction sur cette île, située à deux pas de la péninsule russe de Kola.

En réalité, les travaux visent à moderniser un radar déjà existant (le Globus II, conçu pour suivre les débris spatiaux) et administré par le « Etterretningstjenesten », c’est à dire le renseignement militaire norvégien.

« Cet endroit est très, très important pour les Américains et les Occidentaux pour qu’ils puissent surveiller ce que font les Russes », a expliqué Lasse Haughom, ex-maire de Vardo et ancien du renseignement militaire norvégien. « La Russie veut examiner nos secrets, et les États-Unis et la Norvège veulent se pencher sur leurs affaires », a-t-il continué. « C’est comme ça que le jeu se joue », a-t-il conclu.

Reste que ce radar ne va pas sans susciter des tensions. « La Norvège doit comprendre que, après être devenue un avant-poste de l’Otan, elle devra faire face […] à la force militaire de la Russie », a lancé, fort peu diplomatiquement, Teimuraz Ramishvili, l’ambassadeur russe en poste à Oslo. « Par conséquent, il n’y aura plus d’Arctique pacifique », a-t-il poursuivi.

Une autre pomme de discorde entre la Russie et la Norvège est la présence, pour initialement un an et à des fins d’exercices, d’environ 300 Marines américains à Vaernes, près de la ville norvégienne Trondheim. Durant la Guerre Froide, Oslo avait toujours refusé d’accueillir sur son sol des troupes étrangères afin de ne pas froisser l’Union soviétique.

« Vu les multiples déclarations officielles norvégiennes sur l’absence de menace sur la Norvège en provenance de Russie, nous aimerions comprendre à quelle fin la Norvège est si désireuse d’accroître son potentiel militaire, en particulier via le déploiement de troupes américaines », avait commenté, à l’époque, Maxime Gourov, un porte-parole de l’ambassade de Russie à Oslo.

Seulement, le 21 juin, la Norvège a accepté de prolonger la durée de ce déploiement au-delà de 2018 cette présence des Marines américains, estimant qu’elle est, selon Ine Eriksen Soereide, la ministre norvégienne de la Défense, un élément « stabilisateur » et qu’elle contribue à la « dissuasion ». En outre, elle a minimisé l’importance de ce déploiement en soulignant que les troupes américains sont stationnées à 1.500 km de la frontière russe. Mais cela a donné lieu à une nouvelle sortie de l’ambassade russe, le 23 juin.

« La décision de la Norvège de prolonger la présence des marines américains sur son sol va aggraver les relations avec la Russie voisine et pourrait augmenter les tensions sur le flanc nord de l’Otan », a-t-elle fait valoir, via un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux et envoyé aux agences de presse.

« Nous pensons que cette étape est contraire à la politique norvégienne sur le non-cantonnement de bases militaires étrangères dans le pays en temps de paix », a encore estimé l’ambassade russe à Oslo. Et d’insister : « Cela fait de la Norvège un partenaire pas tout à fait prévisible et peut aussi augmenter les tensions et déstabiliser la situation dans la région du Nord. »

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