Le patron des forces spéciales françaises dément le « ciblage » de jihadistes à Mossoul

Fin mai, le Wall Street Journal a affirmé que des commandos des forces spéciales françaises fournissaient aux troupes irakiennes l’identité et la photographie de jihadistes venus de France pour combattre dans les rangs de l’État islamique (EI ou Daesh) à Mossoul.

Et de préciser qu’une équipe du Commandement des opérations spéciales (COS) s’attachaient à collecter les informations sur les jihadistes français avec des mini-drones et des moyens de renseignement électronique.

« Un nombre inconnu de citoyens français ont été tués par l’artillerie et les forces terrestres irakiennes en utilisant les coordonnées de localisation et d’autres renseignements fournis par les [commandos] Français », a ainsi écrit le quotidien américain, sur la foi de témoignages de chefs militaires irakiens.

En outre, le Wall Street Journal a même parlé de l’existence d’une « liste de 27 individus recherchés en France » en raison de leur appartenance à l’EI. « Les forces spéciales françaises ont commencé à diffuser le document au début de l’offensive de Mossoul l’année dernière. Il est mis à jour au fur et à mesure que les hommes sont tués », a confié un haut responsable de la police irakienne.

La présence d’une telle équipe du COS à Mossoul a été évoquée par un autre média, en l’occurrence l’hebdomadaire allemand Der Spiegel. Dans un reportage publié à la même époque que celui du Wall Street Journal, on peut lire que « dans un camp de la Golden Division [forces spéciales irakiennes, ndlr], un groupe de soldats d’élite français procède à la maintenance de ses véhicules. Les hommes en tenue de camouflage, sans badges indiquant leur grade, sont sur une mission entièrement différente. Ils sont à la recherche de citoyens français parmis les combattants de l’EI ».

Suite à ces reportages, le ministère français de la Défense s’était refusé à faire le moindre commentaire. Et, comme qui ne dit mot consent, l’on pouvait penser que les informations du Wall Street Journal et du Spiegel étaient exactes. Finalement, il aura fallu attendre près d’un mois pour que le vice-amiral Laurent Isnard, le commandant des opérations spéciales, apporte un démenti.

S’il a admis un partage de renseignement avec les forces irakiennes, c’est « pour savoir comment est organisé l’ennemi », a assuré le chef du COS, le 22 juin, lors du point de presse du ministère de la Défense, . Car « nous, a-t-il continué, on ne fait pas de ciblage, ça n’a pas de sens. » Et d’ajouter : « Ce sont des combattants que l’on a en face de nous. On est dans de petites ruelles, de petits quartiers, on est en train d’attaquer la médina. Vous n’imaginez pas qu’on va choisir : ‘moi je vais taper dans la deuxième rue, la troisième à gauche, sur telle personne’. »

« On est sur une ligne de confrontation, on est en train de traiter les gens qui sont devant. Comment vous pouvez savoir avant? Les gens ne restent pas exposés avec une bio à côté d’eux », a poursuivi le vice-amiral Isnard. « Le but, c’est de pouvoir reprendre des rues, des quartiers, des maisons », a-t-il expliqué au sujet de la bataille de Mossoul, qui se concentre actuellement sur la vieille ville, où les jihadistes opposent une vive résistance. « Là, on en est quand même à discuter des maisons, donc on ne va pas se dire ‘on va taper sur telle personne à tel endroit' », a-t-il encore insisté.

Cela étant, les forces spéciales françaises, dont les missions sont confidentielles (et pas clandestines), n’ont pas vocation à s’éterniser en Irak une fois que l’EI y aura été défait. « Lorsque l’État irakien aura repris son territoire, à ce moment-là, nous on se désengagera », a affirmé le patron du COS. À moins que Bagdad demande la poursuite des missions de formation de ses propres troupes.

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