Comment reconnaître les mérites des opérateurs de drones de l’armée de l’Air?

Les drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) MQ-9 Reaper mis en oeuvre par l’escadron 1/33 Belfort depuis Niamey (Niger) sont intensivement utilisés pour les besoins de la Force Barkhane, au Sahel.

« Le drone est devenu une capacité à part entière, complémentaire de celle des avions pilotés », avait expliqué le général Denis Mercier, l’ancien chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA), lors d’une audition parlementaire, en mai 2015.

Effectivement, il est devenu difficile de se passer de ces appareils, dotés d’une grande autonomie (plus de 20 heures), pour collecter du renseignement, identifier les cibles, surveiller une « zone d’intérêt », préparer les missions à venir, « illuminer » des cibles ou bien encore livrer en temps réel des informations immédiatement exploitables.

Les Reaper « font peser une menace permanente contre les terroristes, contraignant ainsi leur liberté d’action et leur capacité d’initiative », résume l’armée de l’Air. Mais si ces appareils sont très sollicités, leurs équipages le sont tout autant. Qui plus est, et à la différence de leurs homologues américains, ils sont « projetés » au plus près de l’action.

« Dans le concept d’emploi français, le pilotage et le traitement de l’information sont co-localisés sur les théâtres d’opération. [… L’information est traitée directement en temps réel par l’ensemble de l’équipage pour donner à l’utilisateur des produits déjà interprétés et prêts à l’emploi. Cette configuration permet une meilleure imprégnation des enjeux grâce à la présence des équipages sur place, au même titre que les autres combattants. Le retour d’expérience montre que l’efficacité des équipages de drones est ainsi meilleure », expliquent les sénateurs Cédric Perrin et Gilbert Roger, dans leur rapport intitulé « Drones d’observation et drones armés : un enjeu de souveraineté », récemment publié.

Justement, peu avant sa diffusion, ce rapport a fait l’objet d’un examen en commission. Lors de cette réunion, Cédric Perrin, co-président du groupe de travail « Les drones dans les forces armées », a livré une anecdote qui annonce un problème qui finira par se poser un jour avec davantage d’acuité, surtout si les Reaper et les MALE RPAS [le futur drone européen, ndlr] seront armés un jour, comme cela a été le cas aux États-Unis, en 2013.

« Nous avons tous entendu parler, à la fin du mois d’avril dernier, de l’opération Bayard, qui a permis de mettre hors d’état de nuire une vingtaine de terroristes. Si des drones armés avaient pu opérer, cette opération aurait été beaucoup plus efficace », a commencé par faire valoir M. Perrin.

« Une fois cette très belle opération terminée – elle a été une grande réussite -, le colonel d’escadron 1/33 Belfort, qui était en première ligne sur cette opération, a demandé à la chancellerie que les militaires qui y avaient participé soient récompensés. La chancellerie a répondu que cette demande n’était pas justifiée, les opérateurs et les pilotes n’ayant pris aucun risque derrière leurs écrans d’ordinateur… », a raconté le sénateur.

Pour ce dernier, cette réponse faite au chef du 1/33 Belfort est « extrêmement choquante. » Et d’ajouter : « Il est urgent que l’on valorise, dans notre pays, le travail des opérateurs et des pilotes » car le « drone est un nouveau moyen de guerre qui prend beaucoup d’ampleur et nécessite aujourd’hui beaucoup d’investissement des personnels. » Et, a-t-il insisté, « Je puis vous assurer que ceux que j’ai vus sur le terrain sont extrêmement motivés et compétents! »

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