Centrafrique : Malgré un accord de cessez-le-feu, de nouveaux combats font au moins 40 tués à Bria

En Centrafrique, la durée d’un accord de cessez-le-feu est équivalente au temps qu’il faut pour reboucher les stylos avec lesquels il a été signé par les différentes parties.

Depuis plusieurs mois, différents groupes armés, aux alliances fluctuantes, s’affrontent, en particulier dans le centre et le sud-est de la Centrafrique, sur fond de rivalités éthniques et religieuses. Mais pas seulement car il s’agit aussi de s’assurer le contrôle de certaines ressources (diamants, bétail). Pour résumer, le Front populaire pour la Renaissance de la Centrafrique (FPRC), allié au Mouvement Patriotique pour la Centrafrique (MPC) ainsi qu’à des milices anti-balaka, plutôt chrétiennes et animistes, s’oppose à l’Union pour la Centrafrique (UPC), une organisation peule dirigée par Ali Darass.

En mai, cette opposition a été à l’origine de violences inter-communautaires à Alindao, Bangassou, Mobaye et Bria, avec des exactions commises contre des musulmans et des chrétiens.

Ainsi, le 15 juin, 13 des 14 groupes armés actifs dans le pays (le 3R, pour « Retour, Réclamation et Réhabilitation », s’était fait excuser pour des « raisons logistiques ») se sont retrouvés à Rome, sous l’égide de la communauté catholique Sant’Egidio, afin de trouver un accord de cessez-le-feu. Ce qui été fait le 19 juin, après des jours de discussions portant sur des thèmes déjà évoqués par le passé, comme le processus dit DDR (Désarmement, démobilisation et réintégration).

D’après Jeune Afrique, qui a pu consulter le texte de cet accord, il semblerait que le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC) du chef de guerre Noureddine Adam, numéro deux de l’ex-coalition rebelle de la Séléka (en grande partie responsable des troubles en Centrafrique, après y avoir pris le pouvoir en mars 2013), soit sorti gagnant des négocations.

« On peut dire que Noureddine Adam a réussi à imposer son point de vue sur plusieurs chapitres », a en effet estimé un représentant de l’ex-Séléka, cité par Jeune Afrique. Notamment au sujet de l’amnistie, sachant que le chef du FPRC est visé par des sanctions des Nations unies.

Quoi qu’il en soit, l’accord n’aura pas duré longtemps. À peine a-t-il été signé que de nouveaux combats ont éclaté à Bria, apparemment entre des miliciens assimilés aux anti-balakas (par ailleurs bien armés et ayant des connaissances tactiques) et des combattants du FPRC, lesquels contrôlent cette ville à majorité chrétienne.

 

Selon un bilan provisoire donné par Médecins sans frontières (MSF), ces violences ont fait au moins « une quarantaine de morts » et 43 blessés.

« On a signé l’accord, mais il faut bien qu’on se défende, on ne se laissera pas attaquer sans réagir », a justifié Djamil Babanani, un porte-parole du FPRC.

En réalité, le feu couvait depuis le 17 juin, notamment après la mort d’Hamad Issa, un ancien sous-officier des forces armées centrafricaines (FACa) devenu « général » du FPRC et responsable de la mise à sac du quartier chrétien de Kakekondji, à Bria.

Cela étant, Parfait Onanga-Anyanga, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Centrafrique, veut croire que ces combats ne remettront pas en cause l’accord parrainé par Sant’Egidio. « Nous savons que beaucoup reste à faire. Il est vital que le cessez-le-feu sur lequel se sont accordées les parties entre en vigueur immédiatement », a-t-il dit, dans un communiqué.

Les choses iraient sans doute mieux si le gouvernement centrafricain avait les moyens de se faire respecter. À Bria, il n’y a qu’une compagnie de gendarmerie forte de… 7 personnels. Quant à la Mission des Nations unies (MINUSCA), elle n’est pas exempte de critiques, même si elle a subi des pertes. « Ils sont là quand tout va bien mais s’enferment dans leur base dès que ça tire », a confié, au quotidien Le Monde (édition du 21/06), l’abbé Gildas, de la mission catholique Saint-Louis de Bria.

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