Un lieu fréquenté par une clientèle occidentale visé par une attaque jihadiste à Bamako

Plus d’un an après l’attentat contre l’hôtel Nord-Sud, alors occupé par la Mission de formation de l’Union européenne au Mali (EUTM Mali), à Bamako, un lieu de villégiature proche de la capitale malienne – le campement Kangaba – et fréquenté par une clientèle étrangère a été visé par des jihadistes présumés, dans l’après-midi du 18 juin, selon un mode opératoire qui rappelle celui suivi lors de l’attaque de Grand Bassam, en Côte d’Ivoire (mars 2016).

Immédiatement, a indiqué la télévision publique locale, la Force spéciale antiterroriste (Forsat), créée en 2016, a été envoyée sur les lieux de l’attaque. Un responsable du ministère malien de la Sécurité a précisé que des militaires de la force française Barkhane et de la Mission des Nations unies (MINUSMA) ont aidé à boucler le secteur et à mener « des opérations » contre les assaillants, dont le nombre n’a pas été précisé.

Selon plusieurs témoignages, deux groupes d’hommes armés sont arrivés en voiture et à moto avant d’attaquer le campement en deux endroits distincts. Ils auraient ensuite tiré en l’air en criant « Allah Akbar » avant de viser les clients – en particulier les Occidentaux – de l’établissement qui se trouvaient au bord d’une piscine.

D’après plusieurs témoins cités par RFI, des militaires « occidentaux », en permission, auraient ouvert le feu et repoussé les assaillants. Cette réaction aurait ainsi permis d’éviter un carnage.

La Forsat, avec apparemment l’appui de militaires français (et, plus largement, européens), a en effet pu exfiltrer une trentaine de personnes, dont de nombreux ressortissants français. Puis, elle a lancé l’assaut contre les terroristes, ce qui a donné lieu à d’intenses échanges de tirs.

« Nous avons été alertés vers 16 heures comme quoi il y avait des coups de feu. Immédiatement, des forces de sécurité sont arrivées. À leur arrivée, les assaillants se sont retranchés derrière les collines. Et ils ont essayé de tenir le terrain. Au départ, nous avons pensé que c’était des bandits armés mais nous connaissons le mode d’action des bandits armés et ils ne tiennent pas le terrain. Nous pensons donc à une attaque terroriste. C’est pourquoi le procureur antiterroriste est déjà sur place avec ses éléments », a expliqué le général Salif Traoré, ministre malien de la Sécurité.

Le campement Kangaba s’étendant sur plusieurs hectares, les forces d’intervention ont des difficultés pour traquer les terroristes, d’autant plus que plusieurs maisons sont éparpillées dans les collines.

Selon un bilan donné par les autorités maliennes, 4 à 5 assaillants ont été tués. L’on compte deux victimes parmi les personnes qui fréquentaient le campement Kangaba, et il y aurait au moins 14 blessés, dont 8 soldats maliens.

« Nous échangeons et [les] Forces spéciales françaises participent à la formation de nos Forces spéciales. Mais il y a toujours moyen de parfaire et dans la journée nous allons procéder au retour d’expérience de ce qui s’est passé, cela va nous permettre d’identifier les endroits sur lesquels il faut faire encore des efforts. Et je pense déjà que par rapport aux différentes attaques qui ont eu lieu, la réaction aujourd’hui était différente. Donc ça veut dire que nous sommes encore à une montée en puissance de nos capacités et de notre savoir-faire et nous allons continuer à travailler sur cela », a commenté, plus tard, le général Traoré, sur les ondes de RFI.

Cela étant, le 9 juin, l’ambassade des Etats-Unis avait fait état d’une « menace d’attaques accrue » contre les sites fréquentés par les Occidentaux à Bamako.

MàJ : Le bilan définitif fait état de 5 victimes, dont un militaire portugais d’EUTM Mali. Les 4 terroristes ont été tués. L’attaque a été revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, dont le communiqué parle de 3 assaillants de l’ethnie peule.

Photo : capture d’écran

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