Il manque « plusieurs milliers d’effectifs » à l’armée de l’Air pour fonctionner correctement

La fin des suppressions de postes et la manoeuvre « ressources humaines » au sein du ministère des Armées ont surtout profité à l’armée de Terre, qui a pu porter les effectifs de sa Force opérationnelle terrestre (FOT) de 66.000 à 77.000 soldats, afin de pouvoir faire face à ses multiples engagements et contraintes, dont l’opération intérieure Sentinelle.

Mais l’armée de Terre n’est pas la seule à voir son contrat opérationnel tel qu’il avait été défini par le Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité nationale (LBDSN) et la Loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019 être dépassé. La Marine nationale est dans ce cas, tout comme l’armée de l’Air, laquelle n’a peut-être jamais autant été sollicitée depuis la la guerre d’Algérie, comme l’a souligné le général Olivier Taprest, le commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA), dans le supplément dédié au Salon du Bourget 2017 publié par Le Figaro.

Actuellement, les aviateurs sont engagés dans « quatre grandes zones d’intervention », avec la bande sahélo-saharienne (Barkhane), l’Afrique de l’Est (Djibouti), le Moyen-Orient (Chammal) et le flanc oriental de l’Otan (pays baltes). Et c’est sans compter la protection du territoire national (posture permanente de sûreté aérienne et dissuasion nucléaire) ou encore les missions dites « Soutex », c’est à dire de soutien aux exportations d’avions Rafale.

En 2016, l’armée de l’Air a ainsi assuré plus de 4.000 mission aériennes au titre des opérations extérieures.

« Cet engagement, qui va bien au-delà de notre contrat opérationnel, est appelé à rester à haut niveau. La lutte contre le terrorisme risque de durer longtemps », a fait valoir le général Taprest. De même que la situation en Europe de l’Est…

Aussi, pour faire face à tous ces engagements, l’armée de l’Air compte actuellement 43.000 aviateurs, dont plus de 10.000 sont affectés dans des structures interarmées. Ce qui est insuffisant, d’autant plus que la concurrence du secteur civil pour des spécialités techniques vient compliquer la donne.

« Au niveau des ressources humaines, nous sommes dans une situation très critique. Avec seulement 35.000 militaires et civils affectés au sein des unités de l’armée de l’Air, il nous manque plusieurs milliers d’effectifs pour fonctionner correctement », a lâché le général Taprest.

Évidemment, cette sur-sollicitation a également des conséquences au niveau des matériels. « Les 189 avions de combat (Rafale et Mirage 2000) tout comme les 12 futurs ravitailleurs A330 MRTT, prévus dans le modèle d’armée actuel, sont insuffisants pour maintenir le niveau d’engagement que nous connaissons dans les opérations », prévient le CDAOA.

S’agissant des 12 avions ravitailleurs A330 MRTT « Phénix », attendus « comme le messie » pour remplacer les C-135FR actuels à bout de souffle, le général André Lanata, le chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA) a également évoqué, dans un entretien donné au Journal de l’Aviation, « la question de la la révision de la cible, afin d’augmenter le format de la flotte, compte-tenu de la révision des contrats opérationnels, pourrait également se poser dans des travaux futurs. »

Outre la nécessité de revoir le format de l’armée de l’Air à la hausse (question qu’aura à trancher le pouvoir politique), d’autres défis seront à relever, comme l’acquisition de certaines capacités (dans le domaine ISR notamment) ou encore comme le renouvellement de la composante aéroportée de la dissuasion.

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