Le Pentagone a les mains libres pour envoyer des renforts en Afghanistan

Fin mai, le district de Waghaz, situé dans la province de Ghazni [sud-est de l’Afghanistan] est passé sous le contrôle du mouvement taleb afghan, lequel menace à présent celui de Dih Yak ainsi que la capitale provinciale. Chaque jour qui passe, les insurgés continuent ainsi de grignoter un peu plus de terrain, tout en menant des attaques meutrières contre les forces afghanes, comme cela a récemment été le cas à Mazar-Sharif (nord), où au moins 135 soldats ont perdu la vie.

Et il est estimé que le gouvernement afghan ne contrôlait plus, en 2016, que 57% du territoire, le reste étant soit contesté, soit tombé aux mains des taliban, voire de la branche afghano-pakistanise de l’État islamique (EI-K). En outre, les lourdes pertes subies par les forces de sécurité (5.000 tués chaque année) ont atteint un « niveau hautement choquant », pour reprendre les termes d’un récent rapport américain sur la situation en Afghanistan.

Signe que la situation continue de se dégrader, le nombre de frappes aériennes effectuées par l’avation américaine en soutien au troupes afghanes a augmenté significativement au cours des premiers mois de cette année, avec 917 munitions larguées, soit déjà près de 80% du nombre total de bombes utilisées en 2016.

« Nous ne sommes pas en train de gagner. Nous allons corriger cela aussi vite que possible », a donc résumé le général James Mattis, le secrétaire américain à la Défense, lors d’une audition au Congrès, le 13 juin. « Les taliban ont eu une bonne année l’année dernière, ils essaient d’en avoir une autre cette année (…) En ce moment, je pense que l’ennemi progresse », a-t-il ajouté.

Actuellement, 8.400 soldats américains sont présents en Afghanistan, pour une mission de conseil et d’assistance aux forces afghanes. Pour inverser la tendance, le chef du Pentagone voudrait assouplir leurs règles d’engagement, comme cela avait déjà été fait l’an passé par l’administration Obama, apporter plus de « soutien de feu », que ce soit par l’artillerie ou l’aviation, aux soldats afghans.

Et pour cela, il faudrait envoyer des renforts, comme le demande le général John Nicholson, le chef de la mission de l’Otan « Resolute Support ». Quelques pays de l’Alliance ont déjà indiqué qu’ils étaient prêts à envoyer plus de soldats en Afghanistan. S’agissant des États-Unis, il est question de renforcer leur contingent actuel de 3.000 à 5.000 hommes.

Pour le moment, la décision de l’administration Trump se fait toujours attendre. Mais d’après un responsable américain, le chef de la Maison Blanche laisserait le soin au général Mattis de trancher. « Il reviendra au chef du Pentagone de fixer le nombre total de soldats américains déployés en Afghanistan », a-t-il en effet affirmé.

Cela étant, M. Mattis souhaite définir une stratégie à long terme en Afghanistan. Stratégie qui passerait par le maintien de troupes américaines, à l’image de ce qu’il se fait en Corée du Sud, voire en Europe. « Il s’agirait de maintenir sur place une force militaire ‘résiduelle’ mais ‘sophistiquée’, capable d’aider les forces locales à stopper immédiatement toute résurgence importante des insurgés islamistes », a expliqué le chef du Pentagone. « Je n’ai pas de doute qu’une majorité des Afghans » soutient une présence militaire américaine sur place », a-t-il estimé.

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