Le Parlement turc approuve l’envoi de troupes au Qatar

Les relations économiques, diplomatiques et militaires entre la Turquie et le Qatar ont toujours été très bonnes. Et le « printemps arabe » a rapproché encore ces deux pays, dont la mesure où ils partagent les mêmes analyses.

En Libye, Ankara et Doha ont soutenu le gouvernement de salut national, alors dominé par les islamistes, contre celui issu du Parlement élu en juin 2014 et replié depuis à al-Baïda, dans l’est du pays. De même qu’ils ont pris position en faveur du président égyptien Mohamed Morsi, qui, issu de la confrérie des Frères musulmans, a été destitué en 2013. En cela, ils s’opposent au maréchal al-Sissi, qui dirige désormais l’Égypte. Quant à la Syrie, les deux capitales souhaitent le départ de Bachar el-Assad.

Et quand, le 15 juillet 2016, Ankara a déjoué une tentative de coup d’État, l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al-Thani, a immédiatement appelé le président turc, Recep Tayyip Erdogan, pour lui apporter son soutien. « Nous avons une relation très fortes avec le Qatar », avait commenté, peu après, Ahmet Demirok, l’ambassadeur turc en poste à Doha. « Nous n’avons pas de contentieux historique, nous avons des similitudes culturelles et la relation entre nos dirigeants est excellente », avait-il souligné.

Par ailleurs, en matière de défense, les relations entre la Turquie et le Qatar sont très étroites. En 2016, les deux pays ont signé un accord en vertu duquel les forces armées turques ont été autorisées à établir une base à Doha, pouvant accueillir 3.000 militaires.

Alors qu’il est en pleine tourmente après la décision de plusieurs pays arabes de rompre leurs relations diplomatiques avec lui, en l’accusant de soutenir le terrorisme, le Qatar peut compter sur l’appui indéfectible de la Turquie, qui se propose de jouer les médiateurs entre Doha et Riyad.

Hasard du calendrier ou volonté de manifester son soutien plein et entier à l’émirat, le Parlement turc a approuvé la mise en oeuvre de l’accord de défense signé en 2016 et autorisé l’envoi de troupes à Doha.

La date de ce déploiement n’a pas été précisée, comme le niveau des effectifs concernés. Mais d’après Sezgin Tanrikulu, un député de l’opposition turque cité par l’AFP, 80 militaires auraient déjà été envoyés au Qatar pour y « préparer un déploiement plus important. »

En réalité, les discussions entre le Qatar et la Turquie au sujet de ce déploiement ont commencé il y a plusieurs semaines. Début mai, le sous-secrétaire général adjoint du ministère turc de la Défense, Ihsan Bülbül, avait avancé que près de 600 militaires seraient affectés sur la base établie à Doha, laquelle doit permettre aux forces armées des deux pays d’approfondir leurs relations et de mener des exercices conjoints.

« La région du Golfe, où se trouve le Qatar, est confrontée à des problèmes très sérieux. Toutes les organisations terroristes opérant au niveau mondial – en particulier des organisations telles que le PKK [le Parti des travailleurs du Kurdistan], le PYD [Parti de l’Union démocratique kurde syrienne], Deash [État islamique, ndlr] et al -Qaeda – constituent une grande menace pour la stabilité régionale. En ce sens, nous pensons que nous avons des intérêts communs avec le Qatar […] et nous pensons que cela crée le besoin de relations stratégiques », avait expliqué, le mois dernier, un responsable de la diplomatie turque au quotidien Hurriyet.

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