Le chef du Pentagone pointe le « mépris » de Pékin pour ses voisins en mer de Chine méridionale

Malgré un avis de la Cour permanente d’arbitrage (CPA) de La Haye, pour qui ses prétentions territoriales en mer de Chine méridionale ne reposent sur « aucun fondement juridique », Pékin revendique la quasi-totalité de cette partie du monde, stratégique pour le commerce maritime mondial et susceptible de receler d’importantes réserves d’hydrocarbure. Et cela, au dépens des pays de la région, dont le Vietnam, les Philippines, la Malaisie, Bruneï et Taïwan.

Pour assurer ses prétentions, la Chine aménage des récifs dans les îles Spratleys et Paracels, avec l’intention d’y déployer des capacités d’interdiction et de déni d’accès [A2AD pour Anti-Access Area-Denial]. Aussi, les autres pays ayant des revendications dans cette région craignent d’être mis devant le fait accompli.

Cette politique menée par Pékin a une nouvelle fois été vivement critiquée à l’occasion du Shangri-La Dialogue, un forum sur la sécurité organisé l’International Institute for Strategic Studies (IISS) à Singapour. Le Premier ministre australien, Malcolm Tunbull, a été l’un des premiers à ouvrir le bal.

« Pékin n’a rien à gagner à tenter de passer en force dans la région Asie-Pacifique » car dans le cas où ils feraient face à une « Chine coercitive », ses voisins « chercheraient à faire contrepoids à sa puissance en renforçant les alliances et les partenariats entre eux et surtout avec les Etats-Unis », a ainsi fait valoir le chef du gouvernement australien.

Ce dernier a aussi encouragé la Chine, qui « va inévitablement jouer un plus grand rôle dans la région en raison de son poids économique croissant », à « respecter la souveraineté des autres (États) et ainsi bâtir un réservoir de confiance et de coopération avec ses voisins. »

Le secrétaire américain à la Défense, l’ex-général James Mattis, s’est montré beaucoup plus incisif. « L’ampleur et les effets des activités de construction de la Chine en mer de Chine du sud diffèrent de ceux des autres pays de plusieurs façons décisives », a-t-il commencé par relever, avant de citer « la nature de sa militarisation », « son dédain du droit international » et « son mépris pour les intérêts des autres nations » avec lesquelles elle a des différends territoriaux dans cette région.

Ces propos du chef du Pentagone ont été tenus après que la Chine a dénoncé le passage à moins de 12 milles du récif de Mischief, dans l’archipel des Spratleys, la semaine passée, du destroyer américain USS Dewey, dans le cadre d’une opération de l’US Navy visant à faire respecter la liberté de navigation.

Cela étant, M. Mattis a également pressé les pays concernés par ces disputes territoriales à trouver une solution par le dialogue. « Nous allons devoir travailler ensemble » car « je ne pense pas qu’il y ait maintenant de place pour pousser à des approches contradictoires », a-t-il dit.

Par ailleurs, le responsable américain a aussi évoqué le cas de la Corée du Nord. Dans ce dossier, Washington compte sur Pékin pour faire pression sur son allié, qui se moque des résolutions et autres condamnations des Nations unies au sujet de ses activités nucléaires et balistiques.

Cette semaine, deux groupes aéronavals américains, constitués autour des porte-avions USS Carl Vinson et USS Ronald Reagan, ont pris part à des manoeuvres avec la marine japonaise, entre la péninsule coréenne et l’archipel nippon. Et cela été vu comme étant une démonstration de force adressée à Pyongyang, qui, dans le même temps, a fait l’objet, au Conseil de sécurité des Nations unies, d’une nouvelle résolution, présentée par les États-Unis et négociée avec la Chine. Le texte, voté à l’unanimité le 2 juin, renforce encore une fois les sanctions imposées à la Corée du Nord, en ciblant 14 responsables nord-coréens, dont le chef présumé des services de renseignement.

La Corée du Nord est, avec son programme nucléaire, une « menace pour nous tous », a fait valoir M. Mattis. « Il est par conséquent impératif que nous fassions tous notre part pour soutenir notre objectif commun de dénucléarisation de la péninsule coréenne », a-t-il ajouté.

« Les actions du régime sont manifestement illégales au regard du droit international » et « il y a un consensus international fort pour dire que la situation actuelle ne peut pas continuer » a poursuivi le chef du Pentagone. « L’administration Trump est encouragée par l’engagement renouvelé de la Chine de travailler avec la communauté internationale vers la dénucléarisation », a-t-il encore souligné.

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