Otan : Pour la ministre des Armées, le message de M. Trump est un « aiguillon » pour la défense européenne

Le courant ne passe pas entre le président américain, Donald Trump, et la chancelière allemande, Angela Merkel. Et, au lendemain d’un sommet du G7 de Taormina [Italie] , consécutive à une réunion de l’Otan à Bruxelles, cette dernière n’a pas manqué d’exprimer une certaine forme d’agacement.

« L’époque où nous pouvions entièrement compter les uns sur les autres est quasiment révolue. C’est mon expérience de ces derniers jours », a en effet déclaré Mme Merkel, lors l’un meeting électoral à Munich. « Nous, Européens, devons prendre notre destin en main. « Nous devons nous battre pour notre propre destin », a-t-elle insisté.

La chancelière allemande nourrit plusieurs griefs à l’endroit du président Trump, notamment au sujet de sa position sur les accords de Paris relatifs au changement climatique, qu’elle a jugées « pas du tout satisfaisantes » et de ses propos tenus sur les dépenses militaires des Alliés européens de l’Otan. En outre, le chef de la Maison Blanche n’a pas explicitement soutenu la clause de défense collective mentionnée par article 5 du Traité de l’Atlantique-Nord [qu’il avait semblé remettre en cause pendant un temps, ndlr], ce qui inquiéte certains…

En France, le ton n’est pas le même. Déjà, le président Macron a estimé que les discussions avec son homologue américain sur le changement climatique constituaient un « progrès ». Et de préciser : « Il faut tenir compte du point de départ lorsque beaucoup pensaient encore il y a quelques semaines que les Etats-Unis allaient quitter les accords de Paris sur le climat. »

S’agissant des questions militaires, la ministre des Armées, Sylvie Goulard, n’a pas exprimé la même sévérité que Mme Merkel au sujet des propos de M. Trump.

« Le message consistant à dire aux Européens qu’ils doivent se prendre en main n’est pas fondamentalement éloigné de ce que la France a toujours essayé de faire depuis des années, c’est-à-dire essayer d’avoir un développement d’une capacité autonome, inscrite dans la coopération de l’Otan mais reposant sur des capacités européennes », a affirmé Mme Goulard, lors d’une conférence de presse donnée ce 29 mai. « Au moment où nous voulons franchir des pas pour l’Europe de la défense, c’est un aiguillon », a-t-elle ajouté.

Quant à l’absence d’un soutien explicite de la part de M. Trump à l’article 5, Mme Goulard en a relativisé la portée. « Les traités, c’est les traités. Qu’on les commente ou ne les commente pas, jusqu’à nouvel ordre le traité s’applique », a-t-elle dit.

La ministre des Armées aura l’occasion d’aborder ces questions avec Ursula von der Leyen, son homologue allemande, à l’occasion d’un déplacement à Berlin, le 1er juin.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]