L’Otan va devenir un membre à part entière de la coalition anti-EI mais sans participer aux combats

Pour sa première participation à un sommet de l’Otan, le 25 mai à Bruxelles, le président américain, Donald Trump, était particulièrement attendu après les propos ambigus au sujet de l’Alliance atlantique lors de la course à la Maison Blanche.

Alors que, par exemple, il avait semblé remettre en cause le principe de défense collective, défini dans l’article 5 du Traité de l’Atlantique-Nord, M. Trump n’a pas totalement rassuré les Alliés sur ce point. En revanche, il est revenu à la charge sur la nécessité pour les pays membres de porter leurs dépenses militaires à 2% de leur PIB, conformément à l’engagement pris en septembre 2014, lors du sommet de Newport (Pays de Galles).

« L’Otan du futur doit se concentrer sur le terrorisme et l’immigration, ainsi que sur les menaces de la Russie sur les frontières est et sud de l’Otan », a estimé M. Trump, lors de son discours.

S’agissant de l’immigration, le président américain a affirmé que « des milliers et des milliers de personnes se répandent dans nos différents pays et se dispersent, et dans de nombreux cas, nous ne savons pas qui elles sont. » Aussi, a-t-il continué, « nous devons être durs, nous devons être forts et nous devons être vigilants. »

Et « c’est pour ces mêmes raisons que j’ai été très, très direct avec le secrétaire [général de l’Otan Jens] Stoltenberg et les membres de l’Alliance, quand je leur ai dit qu’ils devaient enfin payer leur part et respecter leurs obligations financières », a poursuivi M. Trump, déplorant que « 23 des 28 nations membres ne payent toujours pas ce qu’elles devraient payer. » Et d’accuser : « C’est injuste envers les contribuables américains. »

Sur ce point, le président Trump a répété ce qu’il n’a cessé de dire avant d’entrer à la Maison Blanche (et même après d’ailleurs). Selon lui, les Alliés doivent « d’énormes sommes d’argent ». Et il souhaite que leurs dépenses militaires soient équivalentes à 2% de leur PIB. C’est « le strict minimum pour faire face aux menaces très réelles et très vicieuses d’aujourd’hui », a-t-il insisté.

Cet objectif des 2% suscite quelques réticences au sein de l’Otan. Tel est le cas outre-Rhin. Si la chancelière Angela Merkel a pris l’engagement de porter le budget de la Bundeswehr à ce niveau, quelques voix se font entendre, notamment chez les sociaux-démocrates pour en contester la pertinence. « L’Allemagne doit faire plus en matière de dépenses militaires, mais l’Europe veut-elle qu’elle mette 60 milliards d’euros par an dans son armée? », s’était récemment interrogé Sigmar Gabril, le chef de la diplomatie allemande.

Quoi qu’il en soit, selon les explications données par M. Stoltenberg, il a été décidé que les « Alliés établiraient des plans nationaux annuels décrivant comment ils comptent respecter l’engagement en matière d’investissements de défense qu’ils ont pris ensemble en 2014. Ces plans comprendront trois grands volets : moyens financiers, capacités et contributions. »

Un autre point susceptible de satisfaire Washington est que l’Otan sera, en tant qu’organisation, un membre de la coalition anti-État islamique (EI ou Daesh). La semaine passée, le comité militaire de l’Alliance, qui réunit les chefs d’état-major des pays alliés, avait déjà fait une recommandation allant dans ce sens.

Réclamée depuis plusieurs mois par les États-Unis tout en suscitant quelques réserves chez certains Alliés, cette décision « enverra un fort message politique d’unité dans la lutte contre le terrorisme », a fait valoir M. Stoltenberg, qui rappelé que les 28 membres de l’Alliance participent, à titre individuel, à la coalition anti-EI.

Pour autant, le rôle de l’Otan sera limité. « Nos avions de surveillance AWACS contribueront à améliorer la gestion de l’espace aérien de la Coalition. […] Nous allons donc partager plus d’informations, il y aura plus d’heures de vol et nous aurons également des capacités de ravitaillement en vol », a détaillé M. Stoltenberg. En outre, les missions de formation au profit des forces irakiennes continueront.

« Nous examinons également l’utilisation accrue du quartier général des opérations spéciales de l’Otan, qui offre déjà une formation contre le terrorisme sur mesure pour les Alliés et les partenaires. Cela pourrait impliquer le déploiement de plusieurs équipes de formation mobiles dans les pays à risque », a aussi déclaré le secrétaire général.

Enfin, il a été décidé de créer une cellule de renseignement avec l’objectif d’améliorer le partage des informations entre Alliées sur les combattants jihadistes étrangers. « Des travaux sont également en cours pour établir un ‘hub’ pour le Sud, au sein de notre Commandement des forces interarmées à Naples. Il surveillera et évaluera en permanence les menaces régionales, y compris le terrorisme », a annoncé M. Stoltenberg.

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