Bloqué par un litige entre la Turquie et l’Autriche, le « Partenariat pour la paix » de l’Otan va redémarrer

Lancé en 1994, le Partenariat pour la paix (PPP) est un programme de coopération bilatérale proposé à une vingtaine de pays qui n’ont pas forcément vocation à intégrer l’Otan en raison, par exemple, de leur neutralité, comme c’est le cas de la Suède ou de l’Autriche.

Ce PPP a pour objectifs de « renforcer la stabilité, de réduire les menaces pour la paix, et d’établir des relations de sécurité renforcées entre les différents partenaires euro‑atlantiques et l’Otan, ainsi qu’entre les pays partenaires. » Il compte environ 1.400 modules de formation militaire et stratégique, notamment au Collège de défense de l’Otan, à Rome.

Seulement, en mars dernier, l’on apprenait que ce programme était bloqué en raison de l’opposition de l’Autriche à l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, motivée par les atteintes aux droits de l’homme après le coup d’État manqué du 15 juillet 2016. Conséquence : tous les autres pays du PPP ont été affectés par la décision turque.

Cela étant, l’attitude d’Ankara est pour le moins curieuse : le président turc, Recep Tayyip Erdogan, fait en effet tout pour éloigner la perspective d’une adhésion de son pays à l’UE, comme en soutenant le rétablissement de la peine de mort, et, dans le même temps, il tance les dirigeants européens pour leur réticence à ouvrir de nouveaux chapitres de négociations pour cette même adhésion.

« Nous regrettons la situation actuelle et l’impact qu’elle a sur tous nos programmes de coopération avec des partenaires », avait expliqué, à l’époque, un responsable de l’Otan. « Nous comptons sur notre alliée, la Turquie, et sur notre partenaire, l’Autriche, pour qu’elles règlent rapidement leur différend bilatéral », avait-il alors souhaité.

À Vienne, l’on avait relativisé les conséquences de cette situation, du moins à court terme. « Le blocage turc des programmes de partenariat de l’Autriche (avec l’Otan) a démarré il y a plusieurs mois. […] Cela n’a pas d’impact sur nos missions dans les Balkans occidentaux », avait expliqué Stefan Hirsch, un porte-parole du ministère autrichien de la Défense, lequel fit référence à la participation de l’Autriche à la KFOR, la force de l’Otan déployée au Kosovo. « Mais à moyen ou long terme, ce blocage peut poser problème car il peut peser sur nos capacités à préparer de nouvelles missions », avait-il admis.

Finalement, l’Otan devrait contourner ce veto opposé par Ankara à la participation de Vienne au PPP. En effet, les 28 membres de l’Alliance ont décidé une « réforme » du fonctionnement de ce programme de coopération.

En clair, seule l’Autriche sera empêchée participer au Partenariat pour la Paix tant que la Turquie maintiendra son veto. Quant aux autres pays partenaires, ils pourront reprendre leur coopération avec l’Otan là où ils l’avaient laissée.

La nouvelle organisation des programmes du Partenariat pour la paix de l’Otan « a pour objectif de minimiser l’impact pratique de problèmes bilatéraux entre des Alliés et des [pays] partenaires », a expliqué un responsable de l’Alliance à l’AFP. « Les activités de l’Otan avec nos partenaires seront planifiées sur une base individuelle plutôt que collectivement. Ceci réduira de façon significative le risque de blocage », a-t-il ajouté.

Cette issue est loin de satisfaire le gouvernement autrichien, dont le ministre de la Défense, Hans Peter Doskozil, a de nouveau fermement condamné l’attitude de la Turquie, l’accusant de « mettre en danger les intérêts de sécurité de l’Europe ».

Par ailleurs, la Turquie est régulièrement critiquée pour la réaction de ses autorités au putsch manqué du 15 juillet. « Bien sûr que la Turquie a le droit de se défendre et de poursuivre ceux qui étaient derrière la tentative de coup d’Etat avortée, mais cela doit se faire en respectant pleinement l’État de droit », avait rappelé Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, en avril.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]