Airbus s’est joint à une procédure judiciaire concernant l’affaire des hélicoptères Caracal en Pologne

Au début du mois, des députés de la Plateforme civique (PO, opposition) ont déposé une plainte auprès du parquet de Varsovie au sujet des conditions dans lesquelles les discussions avec Airbus Helicopters, pour un contrat concernant l’achat d’hélicoptères H225M Caracal, avaient été rompues, en octobre 2016, par l’actuel gouvernement.

Pour rappel, en avril 2015, Varsovie avait retenu Airbus Helicopters aux dépens de Sikorky (filiale de Lockheed-Martin) et d’AgustaWestland à l’issue d’un appel d’offres portant sur l’acquisition de 50 hélicoptères de manoeuvre destinées aux forces armées polonaises.

Alors dans l’opposition, le parti conservateur Droit et Justice (PiS) avait vigoureusement contesté ce choix. Et, après avoir remporté les élections législatives, quelques mois plus tard, il n’eut de cesse de souffler le chaud et le froid sur ce dossier, avant de rompre les discussions. Évidemment, à Paris, cette décision fut très mal prise…

En avril, l’affaire connut un nouveau rebondissement. En effet, Waclaw Berczynski, un proche collaborateur d’Antoni Macierewicz, le ministre polonais de la Défense, eut l’imprudence de se vanter d’avoir « achevé » le contrat des Caracal lors d’un entretien donné à un quotidien. Et d’expliquer qu’il avait été le « mandataire » du ministre pour ce dossier. Or, cela avait été jusqu’alors passé sous silence.

D’où des investigations conduite par une commission de contrôle parlementaire. Et il fut ainsi mis en évidence que M. Berczynski avait eu entre ses mains des milliers de pages de la documentation technique susceptible de receler des secrets industriels concernant Caracal. Seulement, il n’était nullement autorisé à les consulter. C’est donc la raison pour laquelle des députés de l’opposition ont déposé une plainte.

Qui plus est, le profil de M. Berczynski, retourné depuis aux États-Unis, a de quoi nourrir la suspicion. Ayant la double nationalité, il a longtemps travaillé pour Boeing (jusqu’en 2007) et il semblerait même que l’industriel américain a financé ses études. De quoi nourrir les suspicions d’un possible conflit d’intérêt. « Les liens (…) entre MM. Macierewicz et Berczynski, ainsi que la longue collaboration entre M. Berczynski et une entreprise concurrente d’Airbus soulèvent des inquiétudes légitimes sur l’impartialité de son influence (…) dans ces négociations », fait valoir la plainte.

L’automne dernier, Tom Enders, le patron d’Airbus Group, avait fait part, sans plus de précision, de son intention de « demander réparation » à Varsovie pour la rupture des discussions. Finalement, la plainte des députés de l’opposition est une occasion pour Airbus Group d’obtenir, peut-être, un dédommagement.

« On a rejoint la procédure en cours en tant que victime d’une potentielle fuite d’informations confidentielles au sujet de l’appel d’offres sur les hélicoptères multirôles » a en effet indiqué, ce 24 mai, un porte-parole de l’industriel, sans livrer d’autres commentaires.

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