Libye : L’attaque d’une base des forces du maréchal Haftar a fait au moins 141 tués

Depuis le mois d’avril, l’armée nationale libyenne (ANL), qui, commandé par le maréchal Khalifa Haftar, dépend du gouvernement d’al-Baïda, non reconnu par la communauté internationale mais issu du Parlement élu en juin 2014, a lancé une offensive afin de prendre le contrôle de la base stratégique de Tamenhant, qui, située près de la ville de Sebha, à 600 km au sud de Tripoli, était alors tenue par la « 3e Force », une milice originaire de Misrata.

Le gouvernement d’union nationale (GNA), formé sous l’égide des Nations unies et reconnue par la communauté internationale, avait dénoncé cette offensive de l’ANL visant cette base. Et bien qu’il avait nié tout lien avec cette « 3e Force » lorsque cette dernière lança une attaque contre le croissant pétrolier libyen, il fit savoir qu’il avait donné l’ordre de « repousser toute nouvelle agression » contre ce site militaire.

Seulement, les combattants de la « 3e Force » n’ont pas seulement « repoussé toute agression » : le 18 mai, ils ont attaqué les éléments de l’ANL, installés sur la base de Brak al-Shati, distante d’une cinquantaine de kilomètres de celle de Tamenhant. Et le bilan est extrêmement lourd, puisqu’il a été fait état d’au moins 141 tués ainsi que de plusieurs blessés et disparus.

« Parmi les victimes figurent aussi des civils qui travaillaient sur la base ou qui se trouvaient aux alentours », a précisé, le 19 mai au soir, Ahmad al-Mesmari, un porte-parole de l’ANL. Quant aux soldats tués, a-t-il indiqué, ils « d’un défilé militaire dans l’est de la Libye. » Et d’ajouter : « La plupart d’entre eux n’étaient pas armés. Ils ont été exécutés. »

« Je suis indigné par des informations sur un nombre important de morts, y compris des civils, et des rapports selon lesquels des exécutions sommaires auraient pu avoir lieu », avait réagi, plus tôt dans la journée, Martin Kobler, l’envoyé des Nations unies en Libye.

« Dégoûté par l’attaque contre Brak al-Shati et les rapports sur des exécutions de masse. Les auteurs doivent être traduits en justice », a également dénoncé Peter Millett, l’ambassadeur britannique en Libye.

L’attaque de la base de Brak al-Shati a eu lieu alors que le maréchal Haftar et Fayez al-Sarraj, le chef du GNA, avaient convenu d’éviter toute escalade militaire dans le sud de la Libye, lors d’une rencontre, début mai, à Abou Dhabi. Et l’ANL y avait arrêté ses opérations.

Du coup, Aguila Saleh, le président du Parlement élu, installé à Tobrouk, a condamné « l’attaque terroriste perpétrée par les milices de la 3ème Force et par ses alliés », estimant qu’il s’agissait d’une « grave de l’accord de trêve conclu à Abou Dhabi. » Et d’indiquer qu’il avait donné des directives à l’ANL pour « qu’elles prennent les mesures nécessaires pour riposter à cette offensive, défendre le Sud et le nettoyer de toutes les milices hors-la-loi. »

De son côté, le GNA, qui se défend d’avoir ordonné cette offensive, a dit avoir mis en place une « commission d’enquête » et décidé de « suspendre le ministre de la Défense, al-Mahdi al-Barghathi, et le commandant de la 3ème Force jusqu’à ce que soient identifiés les responsables » de l’attaque. En outr,e il a appelé à cessez-le-feu « immédiat » dans le sud. « Nous avons toujours l’espoir que la raison l’emporte et que s’arrêtent l’escalade et la provocation », a-t-il fait valoir.

Par ailleurs, le 19 mai, à Slouq, dans l’est de la Libye, cheikh Ibrayek Alwati, le chef de la tribu d’Al-Awaguir et proche du maréchal Haftar a été tué par l’explosion d’une voiture piégée alors qu’il sortait d’une mosquée. Cinq autres personnes y ont laissé la vie et 18 autres ont été blessés.

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