La coalition anti-jihadiste a frappé un convoi du régime syrien près de la frontière jordanienne

Le 9 mai dernier, l’aviation syrienne a bombardé des positions de tenues par les rebelles du Front du Sud, une faction de l’Armée syrienne libre (ASL) près de la frontière syro-jordanienne. Ces derniers, soutenus par les États-Unis et la Jordanie, venaient alors de lancer une offensive contre l’État islamique (EI ou Daesh) à Bir Qassab.

Or, le régime syrien entend s’assurer du contrôle de l’axe stratégique Damas-Bagdad. Et pour cela, il lui faut donc empêcher l’ASL de s’emparer des secteurs d’où l’EI a été chassé, notamment dans la région frontalière avec l’Irak et la Jordanie. D’où les frappes aériennes contre le Front du Sud et l’envoi de renforts.

Le 15 mai, une colonne des forces gouvernementales syriennes et de milices chiites soutenues par l’Iran, dotées de chars et d’équipements « lourds » a été signalée à Sabaa Biyar, en direction de la frontière. « Ils ont envoyé de gros renforcements d’artillerie, des chars et des véhicules blindés », a ainsi commenté Issam Al Reis, porte-parole du Front du Sud.

C’est dans ce contexte que, le 18 mai, la coalition anti-EI a annoncé avoir bombardé un convoi des forces pro-régime à At Tanf, près de la frontière avec la Jordanie, où sont déployés des commandos des forces spéciales américaines et britanniques, dont la mission est de conseiller les rebelles du Front du Sud.

« La coalition a frappé des forces pro-régime (…) qui posaient une menace pour des forces américaines et des forces alliées (syriennes) à At Tanf », a en effet déclaré le colonel Ryan Dillon, un porte-parole de l’opération Inherent Resolve (nom de la coalition).

D’après un responsable américain ayant requis l’anonymat et un porte-parole du Haut Comité des Négociations (HCN) de l’opposition syrienne, les forces pro-Damas bombardées seraient « probablement » des milices chiites.

Plusieurs avertissements (show of force) ont été donnés à ce convoi pro-régime par les avions de la coalition pour le dissuader de poursuivre sa progression vers At Tanf. Des appels ont aussi été lancés via ligne de communication mise en place avec la Russie dans le cadre des mesures dites de « déconfliction », prises pour éviter tout incident entre les forces russes.

Il y a eu des « tentatives apparentes de la Russie » pour dissuader ce convoi de se diriger vers At Tanf, a précisé le colonel Dillon. « La coalition a aussi envoyé des avions effectuer des tirs d’avertissement avant de procéder aux frappes », a-t-il ajouté.

Cela étant, à l’exception du bombardement de la base aérienne d’Al-Shayrat, en avril, après l’attaque chimique de Khan Cheikhoune et d’une « erreur » à Deir ez Zor, en septembre 2016, la coalition ne frappe pas les forces syriennes et ses alliés. Aussi, l’incident d’At Tanf ne traduit pas un changement de stratégie.

« Nous n’accroissons pas notre rôle dans la guerre civile syrienne, mais nous défendrons nos troupes » si « des gens prennent des mesures agressives contre nous », a fait valoir le général James Mattis, le chef du Pentagone.

Comme l’on pouvait s’y attendre, la Syrie a vivement condamné cette frappe contre les troupes pro-régime et fait savoir qu’elle ne se laissera pas « intimider ». Selon une source militaire citée par l’agence Sana, le bombardement aurait fait « plusieurs martyrs » et causé des « dégâts matériels ». Au moins un char aurait en effet été détruit.

Cette frappe de la coalition, très probablement effectuée par des avions américains, a aussi été qualifiée « d’inacceptable » par Moscou.

« Toute action militaire aggravant la situation en Syrie influe de fait sur le processus politique. D’autant plus quand il s’agit d’actions (militaires) menées contre les forces armées syriennes », a affirmé Gennadi Gatilov, le le vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov, cité par Ria Novosti. « C’est absolument inacceptable et cela constitue une violation de la souveraineté de la Syrie », a-t-il ajouté.

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