Sylvie Goulard nommée « ministre des Armées »

Les observateurs de la vie politique s’attendaient à voir Jean-Yves Le Drian rempiler à la tête du ministère de la Défense. Finalement, il n’en sera rien. Si, effectivement, le président de la région Bretagne figure bien dans le nouveau gouvernement conduit par Édouard Philippe et dont la composition a été annoncée ce 17 mai, il remplacera Jean-Marc Ayrault au ministère des Affaires étrangères.

Quant au ministère de la Défense, ou plutôt le « ministère des Armées » (une appellation qui avait été abandonnée en 1974), il sera dirigée par Mme Sylvie Goulard. À noter que cette députée centriste du Parlement européen n’aura pas rang de ministre d’État, contrairement à Nicolas Hulot (Transition Ecologique et Solidaire), François Bayrou (Garde des Sceaux) et Gérard Collomb (Intérieur).

Née en 1964 à Marseille, Mme Goulard n’est pas une spécialiste des questions de défense. Bachelière à 15 ans, licence de droit en poche, elle a continué ses études à Sciences Po Paris, avant d’intégrer la promotion « Liberté, Égalité, Fraternité » de l’École nationale d’administration (ENA), puis d’entamer sa carrière professionnelle à la direction des affaires juridiques du ministère des Affaires étrangères.

Ayant fait partie de l’équipe chargée de négocier la réunification de l’Allemagne en 1990, elle devient conseillère politique de Romano Prodi, alors président de la Commission européenne. En 2009, elle est élu au Parlement européen et rejoint le groupe des Démocrates et Libéraux pour l’Europe. Durant son mandat, elle siège notamment à la commission charge des affaires économiques et monétaires (ECON). En 2010, elle cofonde, avec Daniel Cohn-Bendit, le groupe Spinelli, dont la raison d’être est de défendre l’idée d’une Europe fédérale.

Auteur de plusieurs livres ayant trait à l’Union européenne, Mme Goulard parle quatre langues (français, allemand, anglais et italien) et passe pour être une des femmes les plus influentes en Europe. Ayant réjoint, dès ses débuts, le mouvement En Marche d’Emmanuel Macron, elle était pressentie pour diriger le gouvernement.

Deuxième femme à être nommée à l’Hôtel de Brienne, après Michèle Aliot-Marie (2002-2007), Mme Goulard n’a jusqu’à présent pas montré un goût prononcé pour les questions militaires. Du moins, c’est ce que montre son site Internet.

Parmi les dossiers qu’elle trouvera sur son bureau, plusieurs sont d’une importance cruciale. D’abord, il y aura la préparation du prochain projet de budget, avec la question de la nécessaire hausse des crédits, nécessaire pour éviter des ruptures capacitaires, si pas un décrochage dans certains domaines. Et cela, en sachant que les rallonges budgétaires les plus importantes prévues par la Loi de programme militaire (LPM) actualisée doivent avoir lieu en 2018 et 2019. Or, les militaires jugent leur ministre à sa pugnacité face à Bercy pour obtenir les ressources dont ils ont besoin afin de mener à bien leurs missions.

D’autres dossiers épineux l’attendent, comme ceux de la préparation opérationnelle, le maintien en condition opérationelle des matériels (en particulier des blindés et des hélicoptères) ou encore la mise en place de Source Solde. Il lui faudra également préparer un nouveau Livre blanc sur la Défense ainsi que la prochaine LPM. Enfin, elle aura à mettre en place l’une des promesses du candidat Macron, à savoir l’instauration d’un service militaire universel d’une durée d’un mois. Bref, et si on y ajoute les opérations en cours et les questions industrielles, l’ancienne parlementaire aura du pain sur la planche. Á moins que, d’ici là, les résultats des élections législatives de juin ne rebattent encore les cartes.

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