Deux essaims de drones se sont affrontés lors d’un combat aérien

En février, l’ex-ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait fait de l’intelligence artificielle un enjeu stratégique pour les forces armées françaises, dans la mesure où l’on tient là une rupture technologique majeure, sans doute au même titre que le nucléaire et le numérique.

En effet, les perspectives ouvertes par l’intelligence artificielle sont potentiellement nombreuses, notamment dans le domaine de la robotique militaire, avec la possibilité de développer des machines totatement autonomes. Ce qui n’est pas forcément rassurant…

Ainsi, en juin 2016, une expérience de l’US Air Force Research Laboratory et de l’entreprise Psibernetix avait vu un système, appelé Alpha, prendre le dessus sur le très expérimenté colonel Gene Lee lors de différentes simulations de combat aérien entre deux formations dirigées par l’un et l’autre.

Mais les chercheurs du Georgia Tech Research Institute (GATECH) et de la Naval Postgraduate School sont allés encore plus loin en faisant affronter deux essaims de drones Zephyr lors de plusieurs combats aériens.

Si les appareils présentaient les mêmes performances et des senseurs identiques, la différence s’est faite sur les algorithmes. Comme les drones n’étaient évidemment pas armés, un ordinateur au sol a indiqué ceux qui étaient sur le point de se faire abattre.

Au départ, les essais devaient se faire avec 10 Zephyr dans chaque équipe. Mais deux drones de l’une d’entre elles n’ont pas pu prendre l’air, ce qui a donné lieu à un affrontement déséquilibré.

« Les deux équipes ont essayé de résoudre le même problème, c’est à dire de faire voler un gros essaim dans une mission significative, et nous avons trouvé des solutions similaires à d’autres et différentes dans d’autres cas », a commenté Charles Pippin, chercheur au Georgia Tech Research Institute. « En comparant la façon dont chaque approche fonctionnait, nous avons pu comparer des stratégies et des tactiques sur des plateformes ayant la même dynamique de vol », a-t-il ajouté.

« Ce fut un test très réussi », a Don Davis, le patron de la Direction de la Robotique et des Systèmes autonomes au Georgia Tech Research Institute. Il s’agit de la « première expérimentation visant à faire affronter des essaims de drones autonomes sans contrôle humain, sauf pour envoyer […] un message pour engager » le combat, a-t-il relever. « Nous essayons de comprendre comment différentes tactiques autonomes fonctionnent contre d’autres tactiques autonomes », a-t-il expliqué.

« Cette expérience a démontré les progrès réalisés dans l’autonomie collaborative et la capacité d’un groupe d’engins sans pilote à exécuter des missions complexes », a encore souligné Don Davis. « Cette rencontre servira à avancer et à préciser les efforts futurs dans le développement de véhicules autonomes », a-t-il ajouté.

Il n’est pas à l’ordre du jour, du moins pour le moment, d’aller vers des combats aériens entre drones armés, même si une telle issue permettrait de s’affranchir des contraintes physiologiques que pèsent sur les pilotes de chasse.

Pour Don Davis, l’avantage opérationnel de tels algorithmes serait qu’un pilote pourrait suivre des dizaines de cibles. Cela permettrait d’envisager le combat aérien sous de nouvelles perspectives.

« Les techniques autonomes utilisant l’apprentissage automatique peuvent identifier de nouvelles tactiques auxquelles un humain ne penserait jamais », a fait valoir M. Davis. Or, a-t-il ajouté, « les humains ayant tendance à se baser sur des tactiques utilisées par le passé, ces avions autonomes peuvent invoquer de nouvelles stratégies. »

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