Un rapport plaide en faveur de l’acquisition de 12 sous-marins pour la Marine royale canadienne

Récemment, le Journal de Montréal a déterminé que les quatre sous-marins de la classe Victoria, acquis pour 750 millions de dollars canadiens auprès du Royaume-Uni, ont été à quai ou en cale sèche pendant 91% du temps depuis leur entrée en service, au début des années 2000. Et si l’on y ajoute les coûts de maintenance, la facture totale dépasse les 3 milliards de dollars canadiens.

« Le Canada a payé énormément cher pour ces sous-marins. En moyenne, ils ont passé une vingtaine de jours en mer ces dernières années. Sur 17 ans! C’est franchement une honte. La Marine sait très bien que ses sous-marins ont été un mauvais achat, mais elle refuse de le reconnaître », s’est insurgé, dans les colonnes du quotidien, Jean-Christophe Boucher, professeur à l’Université Mac­Ewan, à Edmonton et expert des relations internationales et des questions de défense.

Or, dans son document de vision stratégique « Point de mire 2050 », la Marine royale canadienne estime que « les sous-marins resteront probablement la plateforme maritime dominante dans un avenir prévisible et dont donc un éléments essentiel d’une marine efficace au combat et équilibrée ». D’où la vive recommandation du comité sénatorial de la Défense du Parlement canadien de remédier à ce déficit capacitaire.

Dans un rapport intitulé « Réinvestir dans les Forces armées canadiennes : Un plan pour l’avenir » [.pdf], ce comité sénatorial fait valoir que la Marine royale canadienne « a absolument besoin de renforcer les capacités de sa flotte de sous-marins » étant donné que l’actuelle, avec ses 4 submersibles de la classe Victoria « ne suffit pas à assurer une présence efficace dans trois océans ». D’autant plus que ces derniers ne sont pas en mesure d’opérer sous les glaces, et donc dans l’Arctique canadien.

En outre, avec « l’importance croissante des forces sous-marines dans le monde », le comité n’a « aucun doute » sur le fait que « la meilleure façon de se défendre contre la présence de sous-marins consiste à avoir […] aussi des sous-marins, stationnés sur les côtes Est et Ouest. » Et d’ajouter que « c’est particulièrement nécessaire quand on considère combien les mines marines peuvent perturber le commerce et les déplacements aux ports canadiens, comme c’est arrivé pendant la Deuxième Guerre mondiale. »

Qui plus est, le rapport de ce comité sénatorial insiste sur la nécessité de défendre les approches et les voies maritimes ainsi que sur la capacité de la marine canadienne à contribuer aux « opérations de haut niveua de l’Otan. »

Aussi, les sénateurs recommandent de tripler le nombre de sous-marins en service au sein de la Marine royale canadienne et de remplacer, évidemment, ceux de la classe Victoria.

« Le comité estime que le Canada a besoin d’une flotte de 12 sous-marins modernes à propulsion anaérobie; cette flotte lui permettrait de faire face aux défis marins à venir. Il serait ainsi possible d’en poster six dans l’Atlantique et six dans le Pacifique, tout en maintenant la capacité d’en déployer dans l’océan Arctique, au besoin », lit-on dans le rapport, qui recommande de lancer le processus d’acquisiton d’ici la fin 2018.

Enfin, il serait question de faire comme l’Australie, c’est à dire qu’Ottawa devrait s’assurer que ces 12 sous-marins soient « construits au Canada et que les retombées économiques soient réparties parmi toutes les régions du pays. »

Reste à voir ce que décidera le gouvernement conduit par Justin Trudeau. Les constructeurs susceptibles de répondre à un éventuel appel d’offres ne sont pas nombreux : l’on compte le français DCNS, qui pourrait proposer le même sous-marin qui a remporté la mise en Australie (le Shortfin Barracuda) ou le Scorpène, l’allemand TKMS et le suédois Saab (via le chantier naval Kockums), voire l’espagnol Navantia (avec le S-80).

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