La Suède ne veut pas de l’avion de transport brésilien KC-390 pour remplacer ses 6 C-130H Hercules

En septembre 2009, à l’occasion d’une visite officielle de Nicolas Sarkozy au Brésil, le président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, fit part de son choix en faveur du Rafale pour moderniser les forces aériennes de son pays. En échange, selon les termes de la lettre de la déclaration commune publiée à l’époque, la France s’engageait à acquérir une dizaine d’exemplaires de l’avion de transport KC-390, développé par le constructeur Embraer.

La suite est connue. Après des mois durant lesquels les coups bas entre concurrents ne manquèrent pas, le suédois Saab remporta l’appel d’offres brésiliens avec son JAS-39 Gripen E/F aux dépens de Dassault Aviation et de Boeing, qui avait proposé le F/A-18 Super Hornet, et signa un contrat portant sur la livraison de 36 appareils pour un montant estimé à plus de 5 milliards de dollars, transferts de technologie – importants – compris. Et, évidemment, il n’était plus question pour la France d’acheter des KC-390 à Embraer, qui, à la place, commanda des Casa CN-235 supplémentaires.

Seulement, depuis, le Brésil est plongé dans une crise économique interminable. Et, à un moment, certains ont pu penser que le contrat des Gripen allait être menacé. Ce qui n’est pas le cas pour le moment, à en croire le général Márcio Bruno Bonotto, le chef du département des achats de la Force aérienne brésilienne.

« Même si nous sommes au milieu d’une crise financière, le dossier des Gripen est une priorité. Nous avons également le soutien financier pour assurer les livraisons des Gripen à l’heure et comme prévu », a en effet assuré le général Bonotto au quotidien suédois Svenska Dagbladet, lors d’un déplacement à l’usine Saab de Linköping.

Mais le général brésilien a aussi fait part de son insatisfaction à l’égard des anciennes politiques d’acquisition de son pays en matière d’équipements militaires, déplorant le manque de réciprocité, notamment pour ce qui concerne le KC-390 d’Embraer, dont le coût de développement a atteint 1,3 milliards de dollars. Et de citer le cas d’un pays à qui le Brésil a acheté pour plusieurs milliards de dollars d’armements. La France pourrait se sentir visée étant donné qu’elle a signé des contrats pour livrer aux forces brésiliennes des sous-marins et des hélicoptères…

Quoi qu’il en soit, le général Bonotto a proposé à la Suède d’acheter des KC-390, ce qui serait une sorte de compensation du contrat Gripen… Cette suggestion n’est pas sans fondement étant donné que Stockholm dispose de l’une des plus anciennes flottes d’avions C-130H Hercules d’Europe et que, en 2015, le général Micael Bydén, alors chef des forces aériennes suédoises (Flygvapnet), avait cité l’appareil brésilien comme pouvant être une « alternative » si son développement confirmait les attentes.

Cependant, il n’y a guère de chance de voir voler un KC-390 aux couleurs suédoises. Du moins pour le moment. La semaine passée, l’état-major suédois a en effet décidé de ne pas acquérir de nouveaux avions de transport et de prolonger ses 6 C-130H Hercules jusqu’en 2030, après une modernisation – a minima – qui ne concernera que leur avionique. Même si les dépenses militaires suédoises sont en hausse, la priorité pour Stockholm reste le programme Gripen E/F.

Cela étant, même quand l’heure de remplacer les C-130H Hercules suédois sera venue, les chances du KC-390 seront minces dans la mesure où la Flygvapnet pourrait être tentée par le C-130J Hercules (la dernière version de l’appareil de Lockheed-Martin) au nom de la mutualisation avec ses partenaires scandinaves, voire par l’A400M Atlas d’Airbus, dont les capacités sont sans communes mesures avec l’avion de transport brésilien.

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