L’Allemagne envisage de redéployer ses 6 avions de reconnaissance Tornado ECR en Jordanie

Les relations entre l’Allemagne et la Turquie ne vont pas en s’arrangeant. Comme en 2016, Ankara a décidé d’interdire la visite de députés du Bundestag au détachement allemand affecté à la base turque d’Incirlik, dans le cadre de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis.

Pour rappel, fin 2015, Berlin avait envoyé en Turquie 6 avions de reconnaissance Panavia Tornado ECR ainsi qu’un ravitailleur en vol A-310 MRTT. Ce détachement allemand, déployé à Incirlik aux côtés d’aviateurs américains, n’a pas le mandat pour effectuer des frappes contre l’État islamique (EI ou Daesh) en Syrie et en Irak.

L’an passé, Ankara avait déjà interdit à des parlementaires allemands l’accès à la base d’Incirlik. Ce qui donna lieu à quelques échanges d’amabilités avec Berlin. À l’époque, les autorités turques entendaient protester contre la reconnaissance du génocide arménien par le Bundestag [chambre basse du Parlement allemand, ndlr]. Puis les choses finirent pas s’arranger.

Cette fois, le motif de cette nouvelle interdiction serait liée à la décision de Berlin de donner une suite favorable aux demandes d’asile politique adressées par des militaires turcs susceptibles d’être inquiétés par les purges qui frappent l’armée de leur pays après la tentative de coup d’État raté du 15 juillet 2016.

« Peut-être (l’interdiction a-t-elle a été décidée) en raison des décisions d’autorités allemandes indépendantes concernant des membres de l’armée » turque, s’est en effet demandé Martin Schäfer, le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères. Quoi qu’il en soit, « pour le gouvernement c’est inacceptable », a-t-il ajouté

La chancelière allemande, Angela Merkel, a vivement déploré la décision turque. « Et je ne peux que répéter ce que j’ai dit dès les premières difficultés : la Bundeswehr est une armée parlementaire et il est donc absolument nécessaire que nos députés puissent rendre visite à nos soldates et soldats dans leurs installations », a-t-elle fait valoir.

Du coup, l’hypothèse, déjà évoquée l’an passée, de redéployer les avions allemands vers un autre pays refait surface. À l’époque, deux pistes avaient été avancées : une relocalisation soit à Chypre, sur une base de le Royal Air Force, soit en Jordanie, où des Rafale français et des F-16 belges sont déjà présents. Cette fois, la seconde option est privilégiée.

Évoquant « la recherche d’alternatives à Incirlik », Mme Merkel a estimé que l’une possible serait « en Jordanie ». Ce qu’a confirmé Jens Flosdorff, un porte-parole du ministère allemand de la Défense.

« La Jordanie dispose des meilleurs conditions même si ce n’est pas comparable à Incirlik en ce qui concerne les conditions de sécurité et la coordination avec les alliés », a-t-il affirmé. À moins que, d’ici là, Ankara revienne sur sa décision. Le sujet devrait être abordé lors de la prochaine réunion de l’Otan, dont sont membres l’Allemagne et la Turquie, le 25 mai, à Bruxelles.

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