La Côte d’Ivoire va envoyer 150 soldats au Mali pour renforcer la mission de l’ONU

Pour la première fois, la Côte d’Ivoire va envoyer une unité « combattante » forte de 150 soldats chez son voisin malien, dans le cadre de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA).

Selon le chef d’état-major des forces armées ivoiriennes, le général Touré Sékou, cette compagnie sera déployée à Tombouctou. Jusqu’à présent, seul un « peloton de transport » avait été engagé au sein de la MINUSMA.

« C’est un engagement fort (…) c’est la première unité combattante que nous déployons au Mali. Tout théâtre comporte des risques mais nous pensons que nos hommes ont été bien formés, bien sélectionnés. Ils ont un équipement adapté. Ils devraient pouvoir faire face à la situation et assumer la mission », a fait valoir le général Sékou. « C’est le retour de la Côte d’Ivoire avec des ambitions plus grandes. Nous sommes en train de préparer un bataillon de maintien de la paix », a-t-il ajouté. « Face au péril terroriste, une coopération multinationale est plus que nécessaire », a-t-il encore insisté.

Toutefois, même s’il donnera un peu plus de moyens à la MINUSMA, qui en manque pour mener à bien ses missions, notamment au niveau des équipements, ce déploiement pose la question du niveau de ces soldats ivoiriens, sachant que nombre d’entre eux ont pris part à un vaste mouvement de grogne, en janvier, pour réclamer des soldes plus élevées, de l’avancement et de meilleurs conditions de vie. Ces mutineries ont en effet montré une fracture au sein de l’armée ivoirienne.

Cette dernière est une « armée à deux vitesses », a récemment estimé, dans les colonnes de Jeune Afrique, Aline Leboeuf, une chercheuse à l’Institut français des relations internationales (Ifri) qui lui a consacré une étude en mars 2016 [.pdf]. « Il y a d’un côté des corps d’élite qui ont la confiance du pouvoir et travaillent dans les meilleures conditions – les forces spéciales, le GSPR [Groupement de sécurité de la présidence de la République], le CCDO [Centre de coordination des décisions opérationnelles]. De l’autre, une armée ‘sociale’ qu’on cherche à contenter pour éviter toute mutinerie, mais à laquelle on ne donne pas de moyens », a-t-elle expliqué.

Pour autant, le général Sékou se veut rassurant. « Nous pensons que la participation aux opérations de maintien de la paix devrait permettre à toute l’armée d’accroître ses capacités opérationnelles et la participation à la Minusma devrait tirer les troupes vers le haut », a-t-il affirmé.

Pour rappel, la Côte d’Ivoire a été la cible d’un attentat commis à Grand Bassam en mars 2016 et revendiqué par al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), présent au Mali.

Photo : Par Angejaures — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, via Wikipedia

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