Terrorisme : L’officier allemand arrêté aurait éveillé des soupçons lors de son passage à Coëtquidan

L’interpellation, cette semaine en Bavière, d’un officier du Jägerbatallion 291, basé à Illkirch-Graffenstaden, près de Strasbourg, met le gouvernement allemand dans l’embarras.

Pour rappel, ce lieutenant de 28 ans est soupçonné d’avoir eu l’intention de commettre un attentat avec l’aide d’un complice, également arrêté, contre des étrangers. Pour cela, il avait réussi à mener une double vie, après avoir réussi à se faire passer pour un demandeur d’asile syrien. Et cela, alors qu’il ne parlait pas un mot d’arabe.

Après avoir berné avec une déconcertante facilité l’Office allemand des migrations, pourtant censé procéder à des vérifications strictes, ce militaire avait ainsi obtenu 400 euros d’aide sociale par mois et un logement. Soit de quoi arrondir sa solde mensuelle de 3.200 euros.

Aussi, cette affaire est embarrassante pour les ministères allemands de l’Intérieur et de la Défense. D’autant plus que, après les attentats jihadistes commis par des réfugiés en 2016, Berlin avait promis de renforcer les vérifications sur l’indentité et le parcours des demandeurs d’asile. Un engagement difficile à tenir étant donné le nombre de dossiers à gérer, sachant que plus d’un million de migrants sont arrivés en Allemagne depuis 2016.

Pour le moment, le ministère de l’Intérieur a assuré qu’il « retournera jusqu’à la dernière pierre (…) pour comprendre comment cela a pu arriver et, s’il y en a, corriger les défaillances » du système.

Quant au ministère de la Défense, les critiques sont surtout adressées au MAD (Militärische Abschirmdienst), l’équivalent allemand de la DRSD française (ex-DPSD). Ces derniers mois, ce service de renseignement s’est surtout intéressé aux dérives islamistes de certains membres de la Bundeswehr. Du coup, les autres cas de radicalisation ont fait l’objet d’une attention moindre.

Il est notamment reproché au MAD de n’avoir pas fait son travail pour détecter la double vie du lieutenant arrêté. Ce dernier n’a éveillé l’attention que très récemment, c’est à dire après s’être fait prendre à l’aéroport de Vienne (Autriche) avec une arme qu’il avait cachée dans des toilettes.

D’autant plus que, d’après Der Spiegel, la Bundeswehr connaissait au moins depuis 2014 les penchants extrémistes de cet officier. Alors en formation à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr-Coëtquidan dans le cadre d’un échange,  il aurait rédigé une étude sur « le changement politique et la stratégie de la subversion », parsemée de propos qualifiés de « non compatible avec l’ordre libéral et démocratique » par un enseignant. Mais, apparemment, les explications qu’il avait données furent convaincantes.

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