L’industrie navale de défense française appelle à « ne pas baisser la garde »

Avant le premier tour de l’élection présidentielle, le Conseil des Industries de Défense Françaises (CIDEF) et le Groupement des industries aéronautiques et spatiales (GIFAS) avaient interpellé les candidats en plaidant en faveur d’une hausse significative du budget alloué aux forces armées en le portant à 2% du PIB d’ici 2022.

À un peu plus d’une semaine du second tour, qui opposera Marine Le Pen à Emmanuel Macron, le Groupement des Industries de Construction et Activités Navales (GICAN), qui fédère plus de 170 entreprises, a lui aussi fait entendre sa voix afin de prendre rendez-vous pour les prochaines élections législatives puisque le communiqué [.pdf] qu’il a diffusé le 27 avril s’inscrit dans « la perspective de la nomination d’un nouveau gouvernement. »

Avec pourtant une zone économique exclusive (ZEE) de 11 millions de km², la France est une une « puissance maritime qui s’ignore », déplore le GICAN, qui insiste sur le potentiel « considérable tant en surface qu’au fond des océans » qu’offre ce vaste espace. Et de rappeler que l’économie française de la mer pèse plus de 70 milliards d’euros de valeur de production et 300.000 emplois.

Un rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE), publié en 2013, rappelait l’importance des enjeux économiques du domaine maritime français. « L’accès à des richesses potentielles, comme des hydrocarbures, des encroûtements cobaltifères, nodules polymétalliques et terres rares, matériaux indispensables aux industries de pointe, constitue un atout considérable pour notre pays s’il contribue à un nouveau modèle de développement durable, en particulier au profit des collectivités ultramarines », avait-il fait valoir.

L’amiral Bernard Rogel, alors qu’il était encore chef d’état-major de la Marine nationale (CEMM), avait averti : « Si nous ne prenons pas soin de notre zone économique exclusive, elle sera pillée. » Et d’ajouter : « En mer de Chine, les pays riverains connaissent des frottements avec la marine chinoise. Nous le verrons demain dans notre ZEE, comme partout où se trouvent des ressources : le mouvement de territorialisation des océans ne s’arrêtera pas à nos frontières. »

Dans une fiche thématique publiée en janvier dernier, le GIGAN a estimé que le budget de la Défense devrait être équivalent à 2% du PIB (hors pensions, soit un effort supérieur à la norme Otan, qui prend en compte les pensions). Pour lui, c’est « indispensable pour maintenir des équipements en nombre et en fonction suffisant face aux enjeux opérationnels actuels sur de nombreuses zones maritimes. »

Aussi, prêchant pour sa paroisse, le GICAN demande le maintien et le lancement de programmes nationaux (FTI, FLOTLOG, BATSIMAR, porte-avions, SNLE3G, SDAM, AVSIMAR), un budget de Maintien en Condition Opérationnel (MCO) adapté à l’arrivée de bâtiments neufs plus technologiques et au maintien en service de bâtiments anciens, un soutien à l’export accru pour les PME (label, subventions) ainsi qu’une hausse du montant dédié aux Programmes d’Études Amont (PEA), avec une part significative de cette augmentation dédiée au secteur naval (hors dissuasion) pour financier les recherches en matière de navire digital, d’acoustique, de systèmes de combat et de détection.

Le marché des frégates de taille intermédiaire (FTI) a déjà été officiellement notifié à DCNS par la Direction générale de l’armement. Le programme FLOTLOG, qui vise à renouveler la flotte logistique de la Marine nationale, doit être lancé d’ici la fin de l’actuelle Loi de programmation militaire (LPM).

Si le GICAN n’a pas à avoir de craintes sur le SNLE 3G (sous-marin lanceur d’engins), dissuasion oblige, le programme de Bâtiments de surveillance et d’intervention maritime (BATSIMAR), retardé plusieurs fois, est désormais urgent pour permettre à la Marine de continuer à surveiller les eaux des territoires d’outre-Mer. Quant au second porte-avions (ou successeur de l’actuel Charles-de-Gaulle), la partie n’est pas encore gagnée.

Comme l’a fait le GIFAS, le GICAN n’a pas manqué de souligné le poids économique que représente la filière navale industrielle française, avec 9,5 milliards d’euros annuels de chiffre d’affaires et des 40.000 emplois directs.

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