Le patron d’Airbus visé par une enquête portant sur la vente d’avions Eurofighter Typhoon à l’Autriche

Quand l’Autriche décida de moderniser son aviation de combat, les avions américains F/A-18 Hornet et F-16 Falcon étaient donnés favoris étant donné que ces deux types d’appareils avaient réuni les suffrages des aviateurs autrichiens à l’issue de leur évaluation. Seulement, pour des raisons politiques et surtout financières, aucune commande ne fut passée.

Puis le constructeur suédois Saab fit une offre portant sur la livraison de 24 JAS-39 Gripen pour 2,15 milliards d’euros. Mais, finalement, cette proposition ne fut pas retenue et, en 2003, Vienne annonça sa décision d’aquérir 18 avions Eurofighter Typhoon du consortium réunissant Airbus/EADS, BAE Systems et Leonardo/Finmeccanica pour 2 milliards d’euros.

Très vite, des soupçons sur de possibles dessous-de-table furent avancés pour expliquer ce choix. Et l’affaire rythma la vie politique autrichienne. Sous la pression de l’opinion publique, et comme il n’était pas possible d’annuler le contrat, la commande fut réduite de 18 à 15 Eurofighter Typhoon afin d’économiser 300 millions d’euros.

Plusieurs responsables autrichiens furent inquiétés, à commencer par le général Erich Wolf, le chef de la force aérienne du pays, lequel fut démis de ses fonctions. En 2012, l’affaire prit un nouveau tournant avec les révélations Gianfranco Lande, un homme d’affaires italien qui dévoila un mécanisme de financement occulte de rétrocommissions mis en place pour le contrat des Eurofighter Typhoon. Suite à cela, plusieurs sites d’Aibus (ex-EADS) en Allemagne furent perquisitionnés « dans le cadre d’une enquête pour corruption lors d’une vente d’avions à l’Autriche », comme l’avait précisé, à l’époque, le parquet de Munich.

En on était resté là juqu’aux accusations lancées par le ministère autrichien de la Défense en février dernier. Ce dernier a en effet affirmé qu’il avait été « délibérément trompé » tant sur « le vrai prix que sur les vraies capacités de livraison et les vrais équipements » des Typhoon [tranche 1, ndlr]. Sans cette « tromperie », l’Autriche n’aurait pas commandé ces avions. Et de réclamer, par conséquent, un dédommagement compris entre 183 millions à 1,1 milliard d’euros, ce qui correspondrait aux commissions facturées en catimini par le groupe aéronautique.

Ce dernier, qui gère le contrat autrichien pour le compte du consortium Eurofighter, a évidemment rejeté ces accusations. « Le ministère ne nous a ni informés de ces allégations, ni demandé des explications », a-t-il répondu, affirmant être victime d’une « manoeuvre politique. »

Pour autant, la justice autrichienne poursuit ses investigations. Et c’est ainsi que Tom Enders, l’actuel patron d’Airbus, figure parmi les personnes visées par l’enquête.

« Le procureur de Vienne nous a informés cet après-midi, pour la première fois, que tous les individus qui figurent dans un document du parquet financier autrichien étaient visés par une enquête. Cette liste inclut Tom Enders », a en effet indiqué, le 26 avril, un porte-parole du groupe. « Comme nous l’avons répété constamment, nous considérons ces accusations comme totalement infondées », a-t-il ajouté.

À l’époque des fait, M. Enders était à la tête de la branche défense du groupe EADS, qui a pris le nom d’Airbus en janvier 2014.

L’affaire autrichienne n’est pas la seule qui inquiéte le géant européen de l’aéronautique. En effet, Airbus fait l’objet d’une enquête préliminaire ouverte par le Parquet national financier (PNF) portant sur des soupçons de corruption dans les activités liées à l’aviation civile au Royaume-Uni. En août 2016, le Serious Fraud Office (SFO), chargé de lutter contre la corruption, avait annoncé une enquête concernant des « allégations (qui) portent sur des irrégularités concernant des consultants tiers. »

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