Raqqa ne serait plus la « capitale » de l’État islamique en Syrie

Le 24 avril, les Forces démocratiques syriennes (les FDS), dont les effectifs sont fournis par la milice kurde YPG et des groupes arabes armés, ont réussi à pénétrer dans la ville de Tabqa, située à environ 55 km à l’ouest de Raqqa, la « capitale » de l’État islamique (EI ou Daesh).

Depuis le 20 mars, les FDS, appuyées par la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis, tentent de s’emparer de cette localité ainsi que du barrage voisin, lesquels sont toujours aux mains des jihadistes. L’enjeu est d’arriver à « faire sauter » un verrou sur la route qui mène à Raqqa, dont la prise est, avec celle de Mossoul, un objectif prioritaire.

Pour autant, les combats qui s’annoncent seront compliqués : la ville, qui ne compte plus que 75.000 habitants, se divise en deux parties : l’une, moderne, appelée « al-Thaoura » et l’autre, ancienne, qui a conservé l’appellation de Tabqa. Il est estimé que 10.000 membres de l’EI (combattants avec leurs familles) seraient encore sur place.

Cela étant, cette manoeuvre, menée dans le cadre de l’opération « Colère de l’Euphrate », lancée en novembre 2016 par les FDS, vise à encercler Raqqa. Et, une fois que Tabqa aura été enlevée aux jihadistes, la « capitale » de l’EI devrait faire l’objet d’une offensive imminente, même s’il reste encore des détails à régler, comme ceux relatifs à sa gouvernance une fois qu’elle aura été débarrassée de Daesh.

Seulement, on est encore loin d’en être rendu à cette étape. L’offensive pour prendre Raqqa à Daesh s’annonce aussi difficile et compliquée – si c’est plus – que celle actuellement en cours à Mossoul, en Irak.

Mais d’après des responsables militaires américains sollicités par la chaîne de télévision Fox News, Daesh aurait anticipé cette offensive à venir. En effet, au cours des deux derniers mois, l’état-major et l’administration de l’organisation jihadiste ont quitté Raqqa pour s’installer dans la localité de Mayadin, située dans le gouvernorat de Deir ez-Zor.

C’est d’ailleurs à proximité de cette ville qu’a été tué, le 5 avril, par une « opération » américaine, Abdurakhmon Uzbeki. Ce proche d’Abu Bakr al-Baghdadi, le chef de l’EI, aurait planifié plusieurs attentats, dont celui ayant visé une discothèque d’Istanbul lors de la nuit du Nouvel An. En outre, il facilitait « les mouvements de fonds et de combattants étrangers » de Daesh.

Les déclarations de ces responsables américains confirment un rapport du renseignement français, cité au début du mois par le quotidien Le Figaro. Selon ce dernier, il y aurait encore 3.000 jihadistes à Raqqa et 2.000 autres seraient désormais présents dans localités environnantes. Quant à leurs chefs, ils auraient effectivement pris la tangente pour trouver refuge à Mayadin et à Boukamal, un poste frontière avec l’Irak où, en 2016, l’EI repoussa une attaque la Nouvelle Armée syrienne (NAS) soutenue par les États-Unis.

Plus tôt, des habitants de Raqqa ayant réussi à s’enfuir avaient dit la même chose. Cependant, les jihadistes encore sur place « ont abandonné la plupart des barrages » et « construit des tunnels autour de la ville et installé des sacs de sable à l’intérieur » pour défendre leurs positions, témoigna l’un d’eux.

Photo : Combattants kurdes des FDS

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