Les forces spéciales américaines mettent un terme à la traque de Joseph Kony en Centrafrique

En 2011, les États-Unis déployèrent des forces spéciales dans l’est de la Centrafrique pour tenter de mettre la main sur Joseph Kony, le chef de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), une organisation d’origine ougandaise classée sur la liste américaine des mouvements terroristes en 2001 et responsable, selon les Nations unies, de la mort de plus de 100.000 personnes et de l’enlèvement de 60.000 enfants au cours de ces 30 ans d’existence.

En 2006, près le lancement d’un processus de paix avec Kampala, la LRA, dont le but était d’instaurer un régime politique basé sur les Dix commandements, a étendu ses opérations vers les pays voisins, notamment en République démocratique du Congo et en Centrafrique. Cela étant, les différentes opérations militaires conduites par l’armée ougandaise ne permirent pas de trouver Joseph Kony. D’où la décision de l’administration Obama d’envoyer des forces spéciales pour participer à sa traque.

Mais là aussi, les militaires américains ont fait chou blanc. Seul l’adjoint de Joseph Kony, Dominic Ongwen, dont la tête avait été mise à prix pour 5 millions de dollars, aura été arrêté, en grande partie grâce à un groupe armée ayant appartenu à l’ex-coalition rebelle centrafricaine de la Séléka, qui lorgnait sur la récompense promise pour sa capture.

En janvier, l’équipe de transition du président Trump avait laissé entendre que la traque de Joseph Kony par les forces spéciales américaines allait prendre fin, au motif que la « LRA n’avait jamais attaqué les intérêts américains » et que cette opération était trop coûteuse. L’opération lancée plus de 5 ans plus tôt a en effet coûté 780 millions de dollars, d’après les chiffres donnés par l’US Africom, le commandement militaire américain pour l’Afrique.

Aussi, considérant que la LRA a été considérablement affaiblie (elle ne compterait plus qu’une centaine de combattants selon Washington) le général Thomas Waldhauser, le chef de l’US Africom, a affirmé que « le temps était venu de passer à autre chose étant donné que l’organisation [la LRA] est vraiment en train de se battre pour sa survie. » Du coup, les forces spéciales américaines entameront leur retrait de l’est de la Centrafrique à partir du 26 avril.

Dans le même temps, les troupes ougandaises qui participaient à la mission de l’Union africaine de lutte contre la LRA quitteront elles-aussi l’est de la Centrafrique, ce qui laisse craindre un vide sécuritaire dans cette partie du pays. Un vide qui risque d’être rapidement comblé par d’autres groupes armés, si ce n’est par la LRA elle-même.

En effet, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation de la République centrafricaine (MINUSCA) et peut présente dans l’est de la Centrafrique. Quant aux forces armées du pays, elles ne sont pas en mesure de se substituer aux militaires américains et ougandais.

« Ce retrait [des troupes ougandaises et américaines] conduira à une recrudescence des attaques de la LRA dans le sud-est centrafricain », estime ainsi Thierry Vircoulon, spécialiste de la région des Grands Lacs à l’Institut français des relations internationales (IFRI), sollicité par l’AFP. « Personne n’imagine que les militaires centrafricains qui doivent être envoyés là-bas et éviter ainsi un vide sécuritaire vont pouvoir neutraliser la LRA », a-t-il ajouté.

Selon les deux derniers rapports des Nations unies concernant la situation en Centrafrique, la LRA est loin d’avoir dit son dernier mot. Le premier a fait état, en avril 2016, d’un « regain des activités » de cette organisation dans le sud-est de la Centrafrique, en particulier dans la préfecture du Mbomou, « une riche zone minière ». Et d’ajouter : « Des groupes de l’ex-Séléka se sont mobilisés pour faire face à l’accroissement de la menace supposée de la LRA, ce qui a posé des problèmes de sécurité plus vastes. »

Quant au second, rendu public en février dernier et portant sur la situation sécuritaire à la fin 2016, s’il a noté que le « nombre d’incidents attribués à l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) au cours de la période considérée a été le plus faible de l’année, avec un total de 22 attaques et de 101 civils enlevés », il a dit s’attendre à une « intensification » des activités du groupe de Joseph Kony « jusqu’à la fin de la saison sèche », compte tenu « de la présence réduite des forces militaires ougandaises à Nzako et Sam-Ouandja, où il « a repris les bases évacuées. »

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