Un membre d’une équipe d’observateurs de l’OSCE tué dans l’est de l’Ukraine

 

La situation reste toujours tendue dans le sud-est de l’Ukraine (Donbass), où séparatistes pro-russes et forces gouvernementales s’affrontent depuis maintenant trois ans (et 10.000 tués), en dépit des accords de Minsk, signés en février 2015 sous l’égide de la France et de l’Allemagne.

Pour contrôler le respect des accords de paix par les deux parties, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a déployé, sur la ligne de front, une mission spéciale d’observation (SMM, Special Monitoring Mission), forte de 500 à 600 personnels venus de 40 pays.

Le travail de ces derniers est tout sauf facile. Depuis mars 2014, des convois de la SMM ont en effet la cible de tirs, les liaisons avec les drones d’observation ont été brouillées, causant leur perte, et l’on ne compte plus les tentatives d’intimidation.

Le 23 avril, un véhicule de la SMM a sauté sur une mine. Un membre américain – un paramédical – de l’équipe de l’OSCE qui se trouvait à bord a été tué. Deux autres observateurs – un allemand et un tchèque – ont été blessés. Cet incident a eu précisément eu lieu près du village de Prychyb, dans la région séparatiste de Luhansk (ou Lougansk).

D’après les rebelles, le véhicules de l’OSCE aurait « dévié de la route principale et circulait sur des routes secondaires, ce qui est interdit par le mandat de la SMM. » Cette dernière a affirmé qu’aucun panneau avertissant de la présence éventuelle de mine « n’était visible le long de la route » et que le mémorandum du 19 septembre 2014 interdit la pose d’engins explosifs.

« Il est arrivé ce que nous craignions depuis des années », a commenté Sigmar Gabriel, le ministre allemand des Affaires étrangères. Cet incident « montre une fois de plus à quel point la situation dans l’est de l’Ukraine demeure instable », a observé Jean-Marc Ayraut, son homologue français.

La réaction des États-Unis a été plus vive encore. Le chef de la diplomatie américain, Rex Tillerson, a affirmé, lors d’un entretien téléphonique avec Petro Porochenko, le président ukrainien, que l’action de la Russie dans le sud-est de l’Ukraine restait un « obstacle » à une amélioration des relations entre Washington et Moscou.

En outre, les deux hommes ont souligné « la nécessité pour toutes les parties, et en particulier les forces séparatistes dirigées par la Russie, de mettre en oeuvre immédiatement leurs engagements dans le cadre des accords de Minsk », a rapporté Mark Toner, un porte-parole du département d’État.

De son côté, Kiev a accusé « Moscou et ses marionnettes de chercher à intimider les observateurs de l’OSCE et à nuire aux efforts (…) visant à stabiliser la situation le long de la ligne de démarcation » entre les zones séparatistes et celles tenues par les forces gouvernementales. Enfin, la diplomatie russe a réagi en se disant « indignée par l’acte cynique (…) contre des observateurs internationaux » et en dénonçant une « provocation très probable visant à miner le processus du règlement du conflit ».

Président en exercice de l’OSCE, le ministre autrichien des Affaires étrangères, Sebastian Kurz, a exigé une « enquête approfondie » et assuré que « des comptes seraient demandés aux responsables. »

Photo : Archive

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