Le ministère danois de la Défense accuse la Russie d’avoir piraté ses messageries électroniques

Les relations entre Copenhague et Moscou ont connu des jours meilleurs. Il y a environ deux ans, Mikhaïl Vanin, l’ambassadeur de Russie au Danemark, avait agité la menace nucléaire contre le pays scandinave, en raison de sa participation au bouclier antimissile de l’Otan.

« Je ne pense pas que les Danois réalisent les conséquences de leur potentielle adhésion à ce système de défense antimissile. Si cela devait se produire, leurs navires deviendraient la cible de nos missiles nucléaires » et « le Danemark fera alors partie de la menace contre la Russie (…) et ses relations avec la Russie en pâtiront », avait en effet déclaré le diplomate.

Et, quelques mois plus tôt, un rapport du renseignement militaire danois (Forsvarets Efterretningstjeneste) révéla que l’aviation russe avait simulé une attaque de l’île de Bornholm, alors que se tenait la traditionnelle réunion « Folkemødet », qui rassemble les responsables politiques et les journalistes du pays.

Mais, visiblement, les choses n’en sont pas restées là. Ce 24 avril, le ministre danois de la Défense, Claus Hjort Frederiksen, a dénoncé l’attitude « très agressive » de la Russie après la publication, un jour plus tôt, d’un rapport du Centre pour la cybersécurité selon lequel les messageries de se son ministère avaient été espionnées par des pirates informatiques russes.

« Cela participe d’une guerre continue dans ce domaine (…), où nous assistons à une attitude très agressive de la Russie », a dit M. Frederiksen. « Les emails piratés ne contiennent pas de secrets militaires, mais c’est évidemment grave », a-t-il ajouté.

Selon le rapport, cette intrusion dans les messagerie du ministère danois de la Défense serait l’oeuvre du groupe APT28, aussi appelé « Fancy Bear ». Ce dernier aurait été à l’origine du piratage de la chaîne de télévision TV5 Monde. Il a également été cité dans d’autres affaires, comme l’espionnage du comité national du Parti démocrate aux États-Unis ou, plus récemment, de celui du ministère néerlandais des Affaires générales.

« Il est lié aux services de renseignements ou à des éléments centraux au sein du gouvernement russe. Il doit être combattu en permanence », a accusé M. Frederiksen, lors d’un entretien donné à l’agence de presse Ritzau.

En outre, le rapport du Centre pour la cybersécurité estime que l’accès à des informations non classifiées est quand même susceptible de poser des problèmes dans la mesure où elles peuvent être utilisées pour « recruter, faire du chantage ou planifier une autre opération d’espionnage ».

Cette affaire de cyberespionnage survient alors que les 200 militaires danois qui doivent rejoindre l’Estonie au titre des mesures de réassurance de l’Otan ont été avertis, la semaine passée, qu’ils devaient se méfier des « pièges à miel« , c’est à dire de la séduction d’agents russes féminins ayant pour mission de les compromettre.

Photo : Extrait du rapport du Centre danois pour la cybersécurité

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