En 2016, les dépenses militaires ont représenté 2,2% du PIB mondial

Selon les données que vient de publier le Stockholm International Peace Research Institute, les dépenses militaires mondiales ont encore légèrement augmenté de 0,4% en termes réels, l’an passé, pour s’établir à 1.699 milliards de dollars, soit 2,2% du PIB mondial.

Comme toujours, ces chiffres sont à manier avec précaution dans la mesure où le périmètre des dépenses militaires n’est pas le même d’un pays à l’autre. En outre, il faut prendre en considération les différences de niveau de vie, la solde d’un soldat chinois n’étant, par exemple, pas du tout la même que celle d’un militaire occidental.

Cela étant, l’étude du Sipri [.pdf] permet de déterminer les grandes tendances des politiques menées en matière de défense par la plupart des pays pour lesquels les données budgétaires sont disponibles.

Ainsi, sans surprise, les dépenses militaires des États-Unis restent les plus importantes au niveau mondial. Et après quelques années de baisse en raison des coupes automatiques dans les bugdets fédéraux, elles sont nettement reparties à la hausse entre 2015 et 2016, avec un total de 611 milliards de dollars (+1,7%, 3,3% du PIB), cette somme comprenant le budget du Pentagone et celui dédié aux opérations extérieures. Ce montant reste inférieur de 20% au « pic » observé en 2010.

« En dépit des restrictions légales continues sur le budget global des États-Unis, les augmentations des dépenses militaires ont été accordées par le Congrès », souligne Aude Fleurant, directrice du programme Armes et dépenses militaires (AMEX) du SIPRI. « Les évolutions des dépenses futures restent incertaines en raison du
changement de situation politique aux États-Unis », estime-t-elle.

Cela étant, au regard des annonces faites par le président Trump, qui a dit vouloir augmenter le budget du Pentagone de 54 milliards de dollars, il est plus que probable que cette tendance à la hausse se poursuive dans les années qui viennent.

Le budget militaire chinois arrive en deuxième position, avec un montant de 215 milliards de dollars (+5,14% en 2016). Les chiffres données par le Sipri sont nettement supérieurs à ceux avancés par Pékin. L’an passé, l’enveloppe allouée à l’Armée populaire de libération (APL) était officiellement de 143 milliards de dollars.

Les efforts de la Chine pour développer ses forces armées ainsi que les tensions liées à des différends territoriaux ne sont pas sans conséquence sur l’évolution des dépenses militaires de la zone « Asie-Pacifique », lesquelles ont globalement augmenté de 4,6% en 2016. L’Inde se situe largement au-dessus de cette moyenne, avec une hausse de 8,5% de son budget alloué à sa défense (55,9 milliards de dollars).

Loin derrière les États-Unis et la Chine, la Russie a dépensé 69,2 milliards de dollars pour ses forces armées en 2016, soit 5,9% de plus par rapport à l’année précédente. Ce montant, équivalent à 5,3% de son PIB, n’a jamais été aussi important depuis l’éclatement de l’Union soviétique, souligne le SIPRI.

« Cette hausse des dépenses et ce lourd fardeau pour l’économie pèsent à un moment où l’économie russe est dans une situation délicate à cause de la faiblesse des cours des hydrocarbures et des sanctions économiques imposées depuis 2014 », en raison du conflit ukrainien, note l’institut suédois.

Sur le podium l’an passé, l’Arabie Saoudite se classe désormais quatrième en terme de dépenses militaires. Ces dernières ont fortement baissé en 2016 (-30%), à 63,7 milliards de dollars. Alors que les forces saoudienne restent engagées au Yémen, cette chute s’explique essentiellement par la baisse des revenus pétroliers, laquelle a généré un certain nombre de problèmes économiques. Le royaume saoudien n’est pas le seul à connaître pareille situation : c’est lot de nombreux pays exportateurs d’or noir, à commencer par l’Irak (-36%).

Par ailleurs, les pays européens, en particulier les membres de l’Otan, n’ont pas attendu l’arrivée de M. Trump à la Maison Blanche pour augmenter leurs budgets militaires. D’après le Sipri, la France se classerait 6e au niveau mondial, avec 55,7 milliards de dollars (environ 50 milliards d’euros). Comment l’institut suédois arrive à ce total, sachant que la mission « Défense » a une enveloppe d’environ 32 milliards d’euros en 2016? Mystère.

Quoi qu’il en soit, les dépenses militaires européennes ont affiché une croissance de 2,6% en 2016, pour être portée à 338 milliards de dollars. « L’accroissement des dépenses de nombreux pays d’Europe centrale peut être attribué en partie à la perception d’une Russie représentant une menace plus grande », explique Siemon Wezeman, chercheur du SIPRI. Et « ceci, malgré le fait que les dépenses de la Russie en 2016 ne représentent que 27 % du total combiné des pays européens membres de l’Otan », a-t-il ajouté.

Enfin, si les dépenses militaires sont en hausse dans certaines parties du monde, elles sont en revanche nettement en déclin dans d’autres, comme en Afrique (-1,3%) et en Amérique du Sud (-7,8%), en raison principalement, là aussi, par les difficultés rencontrées par les pays producteurs du pétrole (Angola, Venezuela, Brésil, Équateur, etc).

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