Après le massacre de Mazar-i-Sharif, le ministre afghan de la Défense démissionne

Une semaine après le général H.R McMaster, le conseiller à la sécurité nationale du président Trump, le chef du Pentagone, James Mattis, s’est rendu à Kaboul, ce 24 avril, pour y rencontrer Abdullah Habibi, son homologue afghan. Seulement, peu de temps avant l’arrivée du responsable américain, ce dernier a remis sa démission au président Ashraf Ghani, qui l’a accepté. Le chef d’état-major afghan, le général Qadam Shah Shahim, en a fait de même. En outre, quatre généraux de corps d’armée ont été limogés.

Les deux hommes ont fait l’objet de vives critiques après l’attaque, par au moins 10 combattants taliban, de la base du 209e Corps d’armée, implantée près de Mazar-i-Sharif, dans le nord du pays. Le bilan de cet assaut, mené le 21 avril, est lourd : au moins 150 soldats afghans, essentiellement des recrues, ont été tués.

Depuis, le ministre de la Défense et le chef d’état-major afghans ont été accusés d’avoir commis des négligences, d’autant plus qu’il s’agissait du second carnage commis en quelques semaines sur un site militaire.

En effet, en mars, une attaque revendiquée par la branche afghano-pakistanaise de l’État islamique (EI), avait fait plusieurs dizaines de tués à l’hôpital militaire de Kaboul. Et comme à Mazar-i-Sharif, les responsables afghans ont tenté de minimisé les pertes subies. Peu après, le Parlement avait alors tenté – sans succès – de pousser les ministres de la Défense et de l’Intérieur ainsi que le chef du NDS, les services de renseignement, vers la sortie.

Comme pour l’hôpital militaire de Kaboul, il y a de forts soupçons sur le fait que les assaillants de la base de Mazar-i-Sharif ont bénéficié de complicités internes. Pour Amarkhail, un analyste sollicité par l’AFP, cette nouvelle attaque est surtout un « fiasco total des services de renseignements qui se répète et se répète. » Et d’ajouter : « Nous sommes face à une guérilla avec des combattants qui attaquent par petits groupes et causent d’énormes dégâts. On devrait apprendre à contrer leurs tactiques. »

Les soldats tués à Mazar-i-Sharif ont été surpris alors qu’ils étaient en train de prier à la mosquée de la base ou de manger au réfectoire. Et tout porte en effet à croire que les assaillants avaient des complices à l’intérieur de l’enceinte militaire.

« On était en train de déjeuner quand un camion a freiné devant nous avec quatre hommes habillés en soldats à son bord. Deux sont entrés et ont ouvert le feu. Les deux autres restés à bord ont commencé à tirer avec une mitrailleuse installée sur le toit », a ainsi témoigné Zabiullah, un rescapé âgé de 22 ans.

« C’était l’heure de la prière dans la mosquée de la base. Deux assaillants se sont faits exploser à l’intérieur. Les autres, équipés d’armes lourdes et légères, ont ouvert le feu », a expliqué un officier. « Quand je suis sorti de la mosquée, trois gars en uniforme dans un véhicule militaire tiraient sur tout le monde: ils avaient installé une mitrailleuse à la fenêtre », a confirmé un autre survivant.

Pour arriver jusqu’à la mosquée et au réfectoire de la base, les assaillants ont dû franchir pas moins de sept barrages. Ce qu’ils ont apparemment réussi avec une facilité déconcertante. « Nous, les gardes nous bloquent des heures si on n’a pas nos papiers. Ils avaient des armes, des vestes d’explosifs, quelqu’un les a aidés c’est sûr », estime un soldat blessé lors de l’attaque, dont le témoignage a été rapporté par l’AFP.

L’hypothèse au sujet des complicités internes est d’autant plus renforcées que, selon un porte-parole de la base de Mazar-i-Sharif, une « dizaine de personnes, des membres des forces armées, sont actuellement interrogés comme suspects ».

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