Décès d’Alain Gayet, ancien de la 2e DB et Compagnon de la Libération

Il aura été l’un des plus jeunes Français à rejoindre le général de Gaulle à Londres, en 1940. Alain Gayet, Compagnon de la Libération, s’est éteint le 20 avril à Boulogne-Billancourt à l’âge de 94 ans.

Né à Paris le 29 novembre 1922 dans une famille de médecins et de chercheurs, Alain Gayet est lycéen quand il assiste à la montée du nazisme en Autriche, où il avait été envoyé pour un long séjour linguistique. « Dans notre famille de tradition patriotique, on apprenait la langue de l’ennemi », expliquera sa soeur à Paris Match, en juin 2015.

Après le discours prononcé le 17 juin 1940 par le maréchal Pétain, dans lequel il faisait « don de sa personne à la France pour atténuer ses malheurs » et dit avoir demandé un armistice avec l’Allemagne nazie, le jeune homme s’indigne et décide de s’embarquer, à Brest, sur un chalutier – le Moncousu – pour rejoindre l’Angleterre. Lui qui a lu « Vers l’armée de métier », il ignore encore l’appel à la Résistance lancé par le général de Gaulle.

Arrivé à Londres, il s’engage dans les Forces Françaises Libres (FFL). Il n’a pas encore 18 ans. D’abord affecté à la 1ère compagnie du Train, avec laquelle il participe à l’expédition de Dakar de la fin septembre 1940, il est envoyé au camp Colonna d’Ornano de Brazzaville pour y suivre le cours d’élève officier. À l’issue, en septembre 1941, il rejoint en tant que chef de peloton d’automitrailleuses un escadron des Spahis marocains alors actif à Damas (Syrie).

C’est le 24 octobre 1942 que l’aspirant Gayet va s’illustrer une première fois, lors des combats d’el-Alamein, en Égypte. Puis, deux semaines plus tard, bien que son blindé ait sauté sur une mine, il s’obstine à poursuivre un déchachement ennemi.

En Tunisie, en avril 1943, il se signale à nouveau par son sang-froid en effectuant plusieurs patrouilles en éclaireur, allant parfois jusqu’au contact avec des chars allemands. Toutefois, alors qu’il venait d’être promu sous-lieutenant, il est contraint de quitter son unité pour… passer son Baccalauréat au Caire. Chose qu’il n’avait pas pu faire trois ans plus tôt. Puis, il retrouve ensuite le 1er Régiment de Marche de Spahis Marocains, intégré à la Division Leclerc.

En avril 1944, il quitte l’Afrique du Nord avec la 2e DB et retrouve l’Angleterre. Le 1er août suivant, il débarque en Normandie. Ce sera l’occasion pour lui de s’illustrer à nouveau, comme ce jour où, à la tête du Groupement tactique du colonel Paul de Langlade, il fait une percée de 15 km dans les lignes ennemies.

Dans les Vosges, en novembre de la même année, le sous-lieutenant Gayet tombe nez-à-nez avec un groupe d’automoteurs allemands à hauteur du village de Gunzwiller. Face à un ennemi supérieur en nombre, il engage le combat, ses hommes réussissant à détruire plusieurs véhicules adverses. Mais devant renoncer à aller plus loin, il ordonne la retraite en limitant au maximum les pertes.

Enfin, le 16 avril 1945, le jeune officier, mis à la tête de deux pelotons de reconnaissance et d’une section d’Infanterie, il prend part au « nettoyage » d’une des dernières poches de résistance allemande dans la région de Mornac-sur-Seudre, près de Royan (Charente-Maritime).

Quand l’Allemagne nazie capitule, le 8 mai 1945, Alain Gayet est lieutenant, chevalier de la Légion d’Honneur (la Croix lui sera remise par le général de Gaulle) et titulaire de 5 citations.

Après la guerre, le lieutenant Gayet aurait pu continuer une carrière militaire déjà riche. Mais il choisit de reprendre ses études et de s’orienter vers la médecine. Il deviendra ainsi un chirurgien reconnu. Par la suite, il présidera l’amicale des Spahis de 1998 à 2009. En septembre 2016, il avait été élevé à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur. Pour l’anecdote, il était le grand-père de l’actrice Julie Gayet.

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