Corée du Nord : Le porte-avions américain USS Carl Vinson n’est pas là où il avait été annoncé

Une semaine avant les célébrations du « Jour du Soleil » à Pyongyang, au cours desquels les observateurs s’attendaient à un probable sixième essai nucléaire nord-coréen, un porte-parole de l’US PACOM, le commandement militaire américain pour le Pacifique, avait annoncé le départ d’un groupe aéronaval constitué autour du porte-avions USS Carl Vinson vers la péninsule coréenne par « mesure de précaution ».

Et ce porte-parole d’ajouter : « La menace numéro un dans la région reste la Corée du Nord, en raison de son programme de missiles irresponsable, déstabilisateur et imprudent, et de la poursuite [de ses recherches] en vue de disposer d’armes nucléaires. »

Étant donné que l’USS Carl Vinson devait initialement appareiller de Singapour pour participer à des exercices avec les forces australiennes, l’on pouvait supposer que cette décision avait pour objectif de dissuader Pyongyang de réaliser un nouvel essai nucléaire. D’autant plus que, peu avant, le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson, avait tenu des propos très fermes à l’égard du régime nord-coréen.

Le 11 avril, interrogé sur le déploiement de ce groupe aéronaval, le secrétaire américain à la Défense, le général James Mattis, avait répondu qu’il « n’avait pas de raison particulière » mais qu’il s’agissait d’une « question de prudence ». Le lendemain, l’agence Reuters annonçait que le Japon prévoyait des exercices conjoints avec la formation de l’US Navy quand elle passerait à proximité de ses eaux territoriales.

Puis le président américain, Donald Trump, qui avait, à plusieurs reprises, évoqué l’option d’une action unilatérale contre le régime de Pyongyang, en rajouta. « Nous envoyons une armada. Très puissante […] Nous avons des sous-marins. Très puissants. Bien plus puissants que le porte-avions. Ça, je peux vous le dire », lança-t-il, le 12 avril, ors d’un entretien donné à la chaîne de télévision Fox Business Network.

Le 14 avril, alors que l’examen des images prises par satellite indiquait que le site de Punggye-Ri était fin prêt pour un nouvel essai nucléaire, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, s’alarme d’un « conflit susceptible d’éclater à tout moment. »

De son côté, l’agence sud-coréenne Yonhap, citant un responsable militaire, affirma que le groupe aéronaval américain devait arriver près de la péninsule coréenne pour le 15 avril. « L’USS Carl Vinson n’est pas encore arrivé dans la zone du théâtre d’opération coréen », avait affirmé cet officiel sud-coréen. « Nous supposons qu’il arrivera dans les eaux proches de la péninsule coréenne vers ce week-end », avait-il précisé.

À Pyongyang, comme d’habitude, le ton se voulait martial. « Notre puissante armée révolutionnaire surveille chaque mouvement de l’ennemi et notre arsenal nucléaire est tourné vers les bases d’invasion américaines », menaçait le quotidien officiel Rodong Sinmun.

L’essai nucléaire nord-coréen n’ayant pas eu lieu (l’on a eu droit au lacement raté d’un missile à la place), l’on aurait pu penser que l’annonce du déploiement de l’USS Carl Vinson et de son escorte avait eu un effet dissuasif, sachant que pour Kim Jong-un, le maître de Pyongyang, l’essentiel est la survie de son régime.

Seulement, le groupe aéronaval américain n’a en fait pas mis le cap vers la mer du Japon puisque, ces derniers jours, il croisait au large de la côte septentrionale de l’Australie. Le pot aux roses a été découvert grâce à une photographie de l’USS Carl Vinson prise le week-end dernier dans le détroit de la Sonde, à environ 5.000 km de la péninsule coréenne.

« Ce que la marine n’a pas dit, c’est que l’USS Carl Vinson devrait achever une autre mission avant de se diriger vers le nord. Les exercices conjoints avaient été planifiés il y a longtemps avec la marine australienne dans l’océan Indien », a expliqué le New York Times. Du coup, le groupe aéronaval devrait très prochainement mettre le cap vers la mer du Japon, où il devrait arriver le 25 avril prochain.

Sur la page Facebook du Carrier Strike Group One (CSG-1, le groupe aéronaval de l’USS Carl Vinson), l’amiral Jim Kilby a publié un communiqué comme il avait promis de le faire chaque fois qu’il serait autorisé à évoquer les changements de programme. Et il a ainsi indiqué que la mission du porte-avions allait être prolongée de 30 jours supplémentaires pour « assurer une présence au large de la péninsule coréenne » et rester la « la pièce maîtresse d’une dissuasion maritime visible. »

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