Selon Bagdad, al-Qaïda et l’État islamique ont engagé un dialogue

À l’origine, le groupe jihadiste qui, en 2014, prendra l’appellation d' »État islamique » (EI ou Daesh) était une branche d’al-Qaïda. Mais ses relations avec l’organisation fondée par Oussama Ben Laden furent toujours difficiles, jusqu’à en arriver au point de rupture, les désaccords tactiques et stratégiques étant devenus insurmontables.

Pour schématiser, le chef d’al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, estime qu’il faut faire le « jihad global » avant d’instaurer un califat tandis que son homologue de l’EI, Abou Bakr al-Baghdadi prône la démarche inverse. Si les deux mouvements partagent les mêmes racines idéologiques, ils sont en total désaccord sur la position à adopter à l’égard des autres minorités, comme les chiites par exemple, Daesh étant, sur ce plan là, un adepte de la « pureté religieuse ».

Par ailleurs, les deux organisations sont en concurrence frontale. Et al-Qaïda a vu bon nombre de groupes jhadistes qui lui étaient autrefois fidèles rejoindre les rangs de l’EI à mesure que ce dernier engrangeait les succès en Irak et en Syrie.

D’où d’ailleurs les « charges » lancées par al-Zawahiri à l’égard d’Abou Bakr al-Baghdadi. Accusé par le chef de l’EI de ne pas être assez ferme à l’égard des chiites et des chrétiens, ce dernier lui avait répondu, en janvier, en l’accusant de « menteur ». « Ce que nous [les membres d’al-Qaida] voulons, c’est créer et gérer un dialogue entre ceux qui œuvrent pour l’islam, les combattants du jihad à leur avant-garde, autour de la meilleure méthode et des techniques les plus sages pour apporter la victoire finale à la religion islamique », avait-il fait valoir.

Mais ces rivalités vont-elles durer, étant donné que l’EI est en difficulté en Irak et en Syrie? Spécialiste du terrorisme au Center for Security Studies, Bruce Hoffman estimait que les deux organisations avaient vocation à se rapprocher (voire à fusionner), au motif que leurs points communs idéologiques étaient plus nombreux que leurs divergences. Mais au vu de l’importance ces dernières, l’on peut cependant en douter…

Toutefois, à en croire le vice-président irakien, Ayad Allaoui, qui a donné un entretien à l’agence Reuters, il y aurait des contacts entre des émissaires d’al-Qaïda et de l’EI.

« Un dialogue a été établi entre des messagers représentant Abou Bakr al-Baghdadi et Ayman al-Zawihiri », a en effet affirmé M. Allaoui. « La discussion est engagée à présent », a-t-il ajouté, précisant qu’il tenait cette information de « sources irakiennes et régionales. » Quelle serait la nature de ce rapprochement? Sur ce point, le vice-président irakien a dit l’ignorer…

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