90% des responsables de l’état-major polonais ont été remplacés depuis le changement de majorité

En octobre 2015, le parti conservateur « Droit et Justice » (PiS) remportait largement les élections législatives polonaises face aux libéraux-conservateurs et pro-européens de la Plateforme civique, jusqu’alors au pouvoir. Disposant de tous les leviers du pouvoir (Andrzej Duda avait été élu président de la République quelques semaines plus tôt), cette formation politique est revenue sur plusieurs dispositions prises par la majorité précédente.

C’est ainsi que, par exemple, le nouveau ministre de la Défense, Antoni Macierewicz, a mis un terme aux discussions avec Airbus Helicopters portant sur la livraison de 50 hélicoptères H225M Caracal, après avoir longtemps soufflé le chaud et le froid sur ce dossier.

Mais d’autres décisions, moins spectaculaires, ont été prises par la nouvelle majorité. Notamment au niveau de la hiérarchie des forces armées polonaises, laquelle a été profondément remaniée. En tout, depuis octobre 2015, 90% des responsables de l’état-major polonais ont été remplacés. Même chose au sein du Quartier général des forces opérationnels, avec 82% de départs forcés. Au total, 34 généraux et 484 colonels ont été poussés vers la sortie.

L’un des derniers généraux à avoir rendu son uniforme est le général Mieczyslaw Gocul. Chef d’état-major des forces armées polonaises a annoncé, en janvier dernier, son départ alors qu’il était encore loin d’avoir atteint la limite d’âge.

Pour certains titres de la presse polonaise, M. Macierewicz aurait lancé une « chasse aux sorcières » pour se débarrasser des officiers qui s’étaient engagés à l’époque du Pacte de Varsovie et qui, donc, avaient été formés en Union soviétique.

Le PiS est arrrivé « avec le désir de se débarrasser de ce qu’il considère comme ‘la vieille garde’, la génération la plus ancienne. C’est plus qu’une décommunisation », a commenté, auprès de l’AFP, un expert d’un groupe de réflexion international implanté à Varsovie.

Pour un ancien général polonais, Piotr Makarewicz, avec cette « purge », les « deux plus importantes institutions au sein de l’armée ont totalement perdu leur capacité opérationnelle. » Ce que réfute la porte-parole du ministère de la Défense, Anna Peziol-Wojtowicz, assurant que « la continuité du commandement dans tous les composantes militaires » n’est pas remise en cause.

Sur ce point, Jan Techau, le directeur du Richard C. Holbrooke Forum, à l’Académie américaine à Berlin, relativise. Si l’état de préparation opérationnelle des forces opérations n’est « pas un sujet d’inquiétude », en revanche, estime-t-il, il est préoccupant de voir que l’armée polonaise « semble être encore un secteur de l’État […] que le gouvernement cherche à idéologiser ».

Outre cette valse des généraux, M. Macierewicz a pris d’autres décisions qui prennent le contre-pied de celles prises par la majorité précédente, comme celle visant à revoir l’engagement polonais au sein de l’Eurocorps alors que la Pologne s’apprêtait à en devenir une nation-cadre. Un conseiller du président Duda a par la suite expliqué que ce corps d’armée européen « défend le flanc sud qui ne nous intéresse pas. »

Pourtant, les alliés européens de Varsovie, que ce soit au sein de l’Alliance atlantique et de l’Union européenne, ne se désintéressent pas du sort de la Pologne et des pays baltes. Le 13 avril, une cérémonie organisée à Orzysz, marquera le déploiement de quatre bataillons multinationaux sur le flanc oriental de l’Otan. Or, l’Allemagne, la France ou encore la Belgique, nations-cadres de l’Eurocorps, y participent.

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