Mali : La MINUSMA n’a toujours pas les moyens militaires pour mener à bien ses missions

En juin 2016, le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) fut prolongé d’un an supplémentaire par la résolution 2295 du Conseil de sécurité.

Compte tenu de l’évolution de la situation sur le terrain, ce texte prenait en compte des recommandations formulées quelques semaines plus tôt afin de renforcer les capacités et les moyens militaires de la MINUSMA face à la menace jihadiste.

Ainsi, le plafond de ses effectifs autorisés avait été porté de 11.240 à 13.289 Casques bleus afin de pouvoir déployer une force de réaction rapide de 650 soldats, des forces spéciales à Kidal et à Tombouctou ainsi qu’un unité d’hélicoptères supplémentaires.

Seulement, près d’un an plus tard, les actes n’ont pas suivi les intentions. Dans son dernier rapport sur la situation au Mali, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, déplore le fait que la MINUSMA « continue […] de manquer cruellement de personnels et de moyens pour pouvoir s’acquitter efficacement de son mandat, notamment pour ce qui est de la protection des civils et de la création d’un espace favorable à l’action humanitaire. »

En effet, insiste le document, « aucun des 2.049 militaires et 480 policiers supplémentaires autorisés et aucun des moyens militaires supplémentaires autorisés n’a été déployé, malgré les efforts faits en ce sens. »

Normalement, les effectifs de la Force de réaction rapide de la MINUSMA, qui aurait dû être fournis par l’opération des Nations unies en Côte d’Ivoire, sont toujours attendus à Mopti. Leur « arrivée a été reportée » et « on s’attend maintenant à ce que l’unité se déploie au mois de mai, à partir de Dakar », indique le rapport.

Pour le moment, le besoin de la MINUSMA en effectifs militaires n’est couvert qu’à hauteur de 82%. Et il manque toujours des véhicules blindés de transport de troupes, d’hélicoptères d’attaque « équipés de système de vision nocturne à Kidal », d’hélicoptères de manoeuvre à Tombouctou, d’une compagnie de renseignement, de surveillance et de reconnaissance, des groupes d’appui aéroportuaire (notamment à Gao), d’une compagnie de forces spéciales, d’une compagnie de sapeurs spécialisés dans la neutralisation des explosifs et des munitions et de moyens de protection pour les convois.

Quant à la composante « police de la MINUSMA », c’est la même chose. Au 22 mars, 1.276 policiers étaient déployés (contre 1.920 attendus), soit 66% seulement de l’effectif autorisé. Il manque un équipe d’intervention spéciale, une trentaine de véhicules blindés ainsi que des spécialistes de la criminalistique, de la lutte antiterroriste et des engins explosifs.

« L’appui de tous les pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police est plus que jamais indispensable. Je demande aux États membres d’aider à remédier à ce manque de moyens, notamment en fournissant à la MINUSMA les unités d’hélicoptères dont elle a un besoin urgent », fait valoir M. Guterres dans son rapport.

D’autant plus que le document décrit une situation instable, avec une hausse significative des attaques constatées en 2016 par rapport à l’année précédente, tant dans le nord que dans le centre du Mali. En outre, la criminalité transnationale se développe rapidement et alimente l’insécurité.

« Les tendances récentes observées – intensification du trafic de
drogues, financement du terrorisme par le trafic illicite [drogue, armes médicaments contrefaits, etc, ndlr], utilisation plus fréquente des filières de trafic pour les migrations illégales – font apparaître un lien croissant entre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée dans la sous-région », souligne le rapport.

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