Syrie : La Russie suspend l’accord avec la coalition anti-jihadiste sur la prévention des incidents aériens

En octobre 2015, peu après le début de l’intervention militaire de la Russie en Syrie, Moscou et Washington avaient trouvé un accord portant sur des mesures dites de « déconfliction » afin de prévenir tout incident entre les avions de la coalition et ceux des forces aérospatiales russes. Ainsi, une ligne de communication entre les états-majors fut mise en place, de même que des procédures spécifiques (fréquences radio, etc).

Ces mesures étaient d’autant plus nécessaires que les secteurs où évoluaient les appareils de la coalition et des forces russes étaient très proches. Seulement, après les frappes américaines contre la base aérienne syrienne d’Al-Shayrat, située près de la ville de Homs, la Russie a remis en cause cet accord.

« La partie russe suspend le memorandum avec les Etats-Unis sur la prévention des incidents et la sécurité des vols lors des opérations en Syrie » menées par les aviations russe et américaine, a en effet déclaré, ce 7 avril, Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.

Aussi, le risque d’un incident grave n’est pas à exclure. Ces derniers mois, ces mesures de déconfliction ont permis d’avertir de certaines méprises.

En juin 2016, il fut rapporté que des avions russes avaient visé une position encore récemment occupée par des commandos des forces spéciales américaines et britanniques dans le secteur d’At-Tanf, dans le sud de la Syrie.

Plus récemment, la coalition fut avertie par la partie russe qu’elle était en train de bombarder des forces gouvernementales syriennes au lieu de combattants de l’État islamique à Deir Ez-Zor. Enfin, un Su-35 russe et un avion de détection aéroportée E-3 Sentry de l’US Air Force eurent une rencontre « dangereuse » dans le ciel syrien.

Par ailleurs, outre la suspension de cet accord, le ministère russe de la Défense a annoncé le renforcement des défenses aériennes syriennes.

« Afin de protéger les infrastructures syriennes les plus sensibles, une série de mesures seront prises au plus vite pour renforcer et améliorer l’efficacité du système de défense antiaérienne des forces armées syriennes », a ainsi affirmé le général Igor Konachenkov, le porte-parole du ministère russe de la Défense.

D’après la même source, seuls 23 missiles Tomahawk sur les 59 tirés par les destroyers USS Ross et USS Porter depuis la Méditerranée orientatiale auraient effectivement atteint la base syrienne, dont il a pourtant été dit qu’elle avait été détruite. « L’administration des Etats-Unis a changé mais sa façon de faire la guerre reste inchangée depuis le temps des bombardements en Yougoslavie, en Irak et en Libye », a accusé le général Konachenkov.

Quoi qu’il en soit, Moscou entend porter cette affaire en urgence devant le Conseil de sécurité des Nations unies. « Il est évident que les frappes de missiles ont été préparées d’avance (…) et la décision sur ces frappes a été prise à Washington bien avant les événements à Idleb, qui n’ont servi que de prétexte pour une démonstration de la force », a fait valoir Mme Zakharova.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]