Deux destroyers américains ont lancé 59 missiles Tomahawk contre la base syrienne d’Al-Shayrat

« Ce que Assad a fait est terrible » et « ce qui s’est passé en Syrie est une honte pour l’humanité et il est au pouvoir. Donc je pense que quelque chose devrait se passer », avait déclaré le président américain Donald Trump, peu avant l’examen par le Conseil de sécurité des Nations unies d’une résolution concernant l’attaque chimique présumée de Khan Cheikhoun (province d’Idleb).

Dans le même temps, un responsable du Pentagone affirma que des « options militaires » avaient été soumises au président Trump, dont une qui prévoyait de clouer au sol l’aviation militaire syrienne. De son côté, le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson, assurait que Washington envisageait « une réponse appropriée (aux) violations de toutes les résolutions précédentes des Nations unies, des normes internationales. »

Par la suite, aux Nations unies, trois projets de résolution ont donc été discutés. Et aucun n’a pu être adopté, en raison de l’opposition de la Russie, pour qui ils étaient « catégoriquement inacceptables ». Et, à l’issue de la réunion, le représentant russe, Vladimir Safronkov, a fait une mise en garde. « S’il y a des actions militaires toute la responsabilité sera sur les épaules de ceux qui auront initié une telle entreprise tragique et douteuse », a-t-il affirmé. Et d’ajouter : « Nous devons penser aux conséquences négatives. Regardez l’Irak, regardez la Libye. »

La réunion à peine terminée, les destroyers américains USS Porter et USS Ross, déployés en Méditerranée orientale, ont lancé 59 missiles de croisières Tomahawk (TLAM) en direction de la base aérienne d’Al-Shayrat, près de la ville de Homs, au motif que cette emprise militaire syrienne serait impliquée dans l’attaque chimique de Khan Cheikhoun. L’objectif était de détruire les avions, les abris, les dépôts de pétrole et de munitions ainsi que les radars et les systèmes de défense aérienne.

La base d’Al-Shayrat était « connue comme un lieu de stockage d’armes chimiques avant 2013 et le démantèlement de l’arsenal chimique syrien », a précisé le capitaine de vaisseau Jeff Davis, un porte-parole du Pentagone.

Ce dernier a assuré que « toutes les précautions avaient été prises pour exécuter la frappe avec un minimum de risques » et que Russie avait été prevenue de l’imminence de ces frappes, via la ligne de communication spéciale mise en place en octobre 2015 afin de prévenir tout incident entre la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis et les forces russes déployées en Syrie. « Il y a eu plusieurs conversations aujourd’hui », a-t-il précisé.

Le recours aux Tomahawk s’explique par le fait que l’envoi de chasseurs-bombardiers dans le ciel syrien aurait pu donner lieu à quelques tensions… Cela étant, le système de défense aérienne russe S-400 déployé en Syrie et censé être capable d’intercepter des missiles de croisière, n’a pas été sollicité.

« Il s’agissait d’une réponse proportionnée » à l’attaque de Khan Cheikhoun, destinée à « dissuader le régime d’utiliser des armes chimiques à nouveau », a aussi affirmé le capitaine de vaisseau Davis. « Ce sera le choix du régime s’il y en a d’autres, cela se décidera sur la base de leur comportement à venir », a-t-il conclu.

De son côté, le conseiller à la sécurité nationale du président Trump, le général H.R McMaster, a dit que les frappes avaient évité l’endroit « où nons pensons qu’il y a du gaz sarin stocké. »

Par la suite, le président Trump a déclaré que cette frappe a été exécuté dans « l’intérêt de la sécurité nationale des États-Unis » et « pour prévenir et empêcher la propagation et l’utilisation d’armes chimiques ».

La décision de Washington a été saluée par plusieurs pays, dont l’Arabie Saoudite, Israël et le Royaume-Uni. Le Japon a salué la « détermination » des États-Unis tandis que l’Allemagne a estimé que les frappes américaines étaient « compréhensibles ». En France, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a affirmé qu’elles constituaient un « avertissement » et une forme de « condamnation » du « régime criminel » de Bachar el-Assad.

Du côté des alliés de Damas, la réaction est évidemment toute autre. « L’Iran condamne fermement toutes les frappes unilatérales de cette nature. De telles mesures vont renforcer le terrorisme en Syrie et vont compliquer la situation en Syrie et dans la région », a ainsi réagi un porte-parole de la diplomatie iranienne.

En Russie, le président Poutine a fait savoir qu’il considère « les frappes américaines contre la Syrie comme une agression contre un État souverain en violation des normes du droit international, (se fondant) sur des prétextes inventés. » En outre, selon lui, « cette action cause un préjudice considérable aux relations russo-américaines, qui sont déjà dans un état lamentable » et « ne nous rapproche pas de l’objectif final de la lutte contre le terrorisme international mais dresse au contraire de sérieux obstacles pour la constitution d’une coalition internationale pour la lutte contre (le terrorisme). »

Enfin, le chef du Kremlin voit dans ces frappes américaines en Syrie une « tentative de détourner l’attention de la communauté internationale loin des nombreuses victimes civiles en Irak. »

Photo :  Le destroyer USS Ross lance une salve de missiles Tomahawk (c) US DOD

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