Pour un général américain, l’EI restera une menace importante bien après la chute de Raqqa et de Mossoul

Chasser les jihadistes de leurs fiefs de Raqqa et de Mossoul est une condition nécessaire mais pas suffisante pour éradiquer la menace que représente l’État islamique (EI ou Daesh). C’est en effet ce qu’a affirmé le général américain Michael Nagata, le directeur de la planificiation opérationnelle et stratégique du Centre nataion anti-terroriste américain (NCTC, National Counterterrorism Center), lors d’une conférence organisée le 5 avril à Wahington par le Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS).

Outre le fait que l’EI cherche à s’implanter dans d’autres régions du monde (Afrique de l’Ouest, frontière afghano-pakistanaise et Asie du Sud-Est, notamment), la menace que cette organisation est surtout incarnée par le retour de ses combattants étrangers dans leurs pays d’origine.

Le souci est que le général Nagata a indiqué qu’il n’est pas en mesure de dire combien de jihadistes – sur les 40.000 ayant rejoint l’EI en Irak et en Syrie – retourneront dans leur pays.

« Nous savons que nous avons tué plusieurs milliers » d’entre eux « mais nous sommes incapables de vous donner un nombre précis. C’est un nombre substantiel », a-t-il en effet affirmé. « Nous ne savons vraiment pas combien il en reste, malgré les « ressources massives » mises en oeuvre pour le savoir, a-t-il dit.

Pour le général Nagata, il ne fait aucun doute que la coalition anti-jihadiste commandée par les États-Unis viendra à bout de « l’armée de l’EI ». Seulement, cela « ne fera qu’aggraver la menace des combattants étrangers qui retourneront dans leur pays d’origine pour y faire des ravages », a-t-il ajouté. Qui plus est, il est compliqué de prévoir leur comportement une fois qu’ils seront revenus étant donné qu’ils forment « un éventail extraordinairement diversifiés d’acteurs, avec un éventail extraordinairement divers de motivations », a-t-il expliqué.

Et selon lui, le défi auquel devra faire face la communauté internationale sera « le partage des informations et de renseignements sur ces combattants étrangers », comme par exemple ceux concernant les « destinations de voyage » de ces derniers, ce qui, a souligné le général Nagata, est « par nature difficile. »

« Nous devons être patients. Il faudra des années pour résoudre ce problème », a estimé le responsable du NCTC. D’autant plus que cette question concerne près de 100 pays. Et que certains sont plus touchés que d’autres, comme par exemple Trinité-et-Tobago, dont 130 ressortissants ont rejoint l’EI alors que seulement 6% de ses 1,3 millions d’habitants se disent musulmans.

Par ailleurs, le général Nagata a relativisé la menace que pourraient représenter les enfants ayant suivi leurs parents jihadistes au Levant (ou qui y sont nés). D’après lui, avec les vidéos mettant en scène des mineurs en train de tuer des prisonniers, l’EI a tenté de « créer l’impression que tous les enfants de jihadistes vont saisir [son] drapeau noir ». Or, a-t-il continué, s’il y a « peut-être un peu de vérité », ce « n’est probablement pas aussi fort ou répandu que ce que le groupe État islamique veut nous faire croire. »

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